60’s : Les Fraises des Bois, des pionniers
Avant de s’appeler ainsi, au tout début des années 60, le groupe se nomme les Black Suns et joue une musique instrumentale inspirée principalement par les Shadows. Puis, c’est la découverte des Beatles et des Stones. Ça incite les Black Suns à s’adjoindre les services d’un chanteur et à changer de raison sociale pour un patronyme qui porte à rire aujourd’hui. Il n’empêche que les Fraises des Bois connaissent un certain succès de 1967 à 1968. Ils jouent en moyenne deux concerts par semaine. Lookés comme les Stones, ils ne passent pas inaperçus. Le groupe partage régulièrement la scène avec des artistes connus comme les Kinks au Casino de Royat, le 25 février 1967. Ils enregistrent un quatre titres en 1967, à Paris, en une demi-journée. La production est brute, “garage”. Le disque connaît un succès retentissant au point d’être toujours très bien coté chez les collectionneurs. Le service militaire met un terme à cette belle histoire à la fin des années 60. Au retour de l’armée, le groupe change encore une fois de nom pour devenir orchestre de bal.
70’s : S.O.S, du bal au rock
Réputé spectaculaire orchestre de bal, S.O.S. est avant tout un groupe rock composé d’excellents musiciens qui doivent leur salut à Serge Boudu qui les incite à faire du balluche pour se remettre en selle après une malheureuse expérience. Toujours en activité, Jérôme Pietri avoue bien volontiers avoir eu la vocation en voyant les Fraises des Bois en 1964 dans une boum à La Glacière. Après différents groupes, vers 71, alors évincé de Contact avec son pote Patrick Vacheron pour cause de “rock’n’roll”, Jérôme retrouve son copain de lycée Christian Arfeuil. Ils forment Salade Ou Symphonie (S.O.S.), nom donné par un producteur américain farfelu vivant à Cannes chez qui ils passent un an avant de s’apercevoir qu’il est complètement mégalo et caractériel. S.O.S. partage le studio un temps avec Mick Ronson, le guitariste de David Bowie, venu enregistrer son second album. Après s’être engueulé avec son producteur qui ne lui décroche aucun contrat, S.O.S. taille la route avec un camion et un orgue Hammond prêtés par le producteur lui-même avant que celui-ci ne se rétracte et porte plainte pour détournement de matériel. Le groupe se retrouve en 1974 à Clermont complètement dépouillé. Et Boudu de leur sauver la mise…
80’s / 90’s : Real Cool Killers, les fauves sont lâchés
À la fin des années 70’s, le punk véhicule la bonne parole initiée par Gustave Courbet, le mouvement Dada et le Situationnisme, inutile d’être musicien pour faire de la musique. À partir de ce moment-là, les énergies se libèrent, les fauves sont lâchés. Les Real Cool Killers sont issus de ce mouvement. La formation initiale est composée de Pascal “Buck” Roussel, Stéphane Vallon et Joël Caron. Serge Pantel les rejoint bien vite avant l’enregistrement d’un premier 45 tours en 87. S’ensuivent quatre albums et trois formations différentes jusqu’à la disparition de Buck en janvier 97. Le groupe est perméable aux tendances provenant des courants underground. C’est d’abord les 60’s, le garage, puis le rock australien avant que n’arrive le hard core américain et des sonorités plus bruitistes, plus avant-gardistes. Le troisième album sort sur le plus gros label indépendant australien du moment. Les Real Cool Killers ont la particularité d’être le seul groupe européen du label. Les trois autres sont édités par Spliff Records, label clermontois, émanation de la boutique Spliff, toujours en activité rue de la Treille. Connus et appréciés dans le monde entier (USA, Japon, Australie, Europe), les Killers connaissent un relatif succès à la charnière des années 80’s – 90’s, une petite notoriété qui leur vaut de jouer épisodiquement à l’étranger. La fin du groupe est moins réjouissante malgré un fantastique dernier album Up Against The Wall sorti en 1996. Depuis, parmi les huit musiciens ayant participé à l’aventure, Pascal Roussel et Stéphane Vallon nous ont tristement quittés.
2000’s : Sofy Major, un power trio référence
Issu de la scène hardcore métal, le power-trio clermontois ne cesse de progresser d’album en album pour faire aujourd’hui référence dans la discipline. Le groupe simplifie de plus en plus son jeu en remontant aux sources du rock’n’roll. Sa marque de fabrique est un crossover entre Motörhead, hardcore, punk et rock’n’roll avec de plus en plus, une inclination vers la mélodie, vers la pop pour le dire autrement. Sofy Major est un groupe composé d’ardents activistes. On retrouve ses membres à la création du fameux Raymond Bar avenue Édouard Michelin. SM entretient des liens solides avec le groupe new-yorkais Unsane et, notamment, un de ses membres avec lequel il a pour habitude d’enregistrer. Après avoir énormément tourné en Europe et aux Etats-Unis, Sofy Major privilégie les concerts à l’occasion des sorties d’album. Le reste du temps, le groupe prend de l’âge, il se repose, il glandouille, il fait du lard. Faire du lard pour qui cuisine au gras est somme toute logique, comme pour mieux envoyer le pâté l’album d’après.
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