Les réactions de la communauté internationale se sont toujours révélées à géométrie variable. La mobilisation légitime d’une majorité de pays occidentaux devant le conflit ukrainien contraste spectaculairement avec la relative indifférence (feinte ou réelle) devant la nouvelle tragédie arménienne, un peuple dont on sait qu’il fut la victime du premier génocide intervenu au cours du XXe siècle.
Aujourd’hui l’histoire se déroule donc aux portes mêmes de l’Europe, si souvent donneuse de leçons et porteuse d’une morale contemporaine. Dans les langues locales, « Karabakh » signifie « jardin noir montagneux ». C’est là, dans la République d’Artsakh, territoire presque exclusivement peuplé d’Arméniens, présents depuis près de trois millénaires, que l’Azerbaïdjan d’Ilham Aliyev conduit une épuration ethnique et religieuse à grande échelle.
L’ombre menaçante de la Turquie
Aux lendemains de l’éclatement de l’empire soviétique, les habitants avaient décidé de leur autonomie à la faveur d’un référendum. Choix réaffirmé à une écrasante majorité le 20 février 2017. L’Azerbaïdjan, pays frontalier, n’en a que faire et a décidé coûte que coûte de s’accaparer le Haut Karabakh. Derrière cette tragédie humaine , il y a évidemment la Turquie de Recep Tayyip Erdogan, désireuse de constituer un corridor de ses propres frontières orientales jusqu’à l’Iran et d’accroître son hégémonie sur cette région du globe. Elle influe, arme, soutient, guide, décide, planifie …
Le moment propice
Le nouvel impérialisme ottoman, fortement teinté d’islamisme, ne recule devant aucune brutalité, d’autant plus qu’il sait la faiblesse et la veulerie de l’Europe, tributaire du gaz azéri, et, en réalité, incapable de s’opposer à ses velléités de conquête. Il n’ignore pas non plus que la Russie, en principe soutien de l’Arménie, est engagée dans une guerre coûteuse en Ukraine et qu’elle n’a pas intérêt de se mettre à dos Ankara. Quant aux Etats-Unis, bien éloignés de ces contrées transcaucasiennes, ils se contenteront de quelques communiqués ou gesticulations, histoire de ne pas avoir l’air totalement apathiques et absents.
En réalité, personne ne viendra au secours des Arméniens du Haut Karabakh. Et l’autocrate Erdogan ne s’arrêtera probablement pas en si bon chemin dans sa stratégie expansionniste. Erevan est maintenant dans son viseur.
oui l indifférence générale…les intérêts économiques priment sur les droits humains c est bien connu…