Il aura accéléré le cours de l’histoire, un peu malgré lui, ou pas tout à fait dans le sens qu’il espérait. Un héros flamboyant, sans doute pas ; mais un homme admirable, malgré tout, pour sa volonté farouche de transformation d’un état totalitaire, liberticide et gangréné. Au détour des années 80, Mikhaïl Gorbatchev voulait changer l’Union Soviétique, la débarrasser de ses démons et de ses pesanteurs, lui donner un souffle nouveau. Mais les choses lui ont échappé et il a précipité son pays vers sa fin. Exit l’URSS ; effondrée comme un château de cartes. Si cette conclusion était inévitable à moyen terme, « Gorbi », avec sa Glasnost et sa Perestroïka, fut celui qui accéléra le processus, « aidé » en cela par la guerre d’Afghanistan puis la catastrophe nucléaire de Tchernobyl.
Anti-Poutine
Homme de paix, probablement, couronné par un prix Nobel, pour sa contribution à la fin de la Guerre Froide aux côtés de son « meilleur ennemi », Ronald Reagan; homme providentiel , également, pour les pays du bloc de l’est qui aspiraient à retrouver leur liberté après des décennies de joug soviétique. Il se refusa à y intervenir contrairement à ses sinistres prédécesseurs. Souvent adulé en occident, plus discuté en Russie où on lui reproche parfois d’avoir été le fossoyeur de l’empire rouge. La disparition de ce personnage majeur émeut profondément les plus anciens d’entre nous. Peut-être parce qu’il était justement nuancé, contrasté, faillible, humain. Un anti-Poutine, en quelque sorte. Et plus encore parce que sa mort nous ramène à nos vies intimes, à notre jeunesse, à ces années où les réseaux sociaux n’étaient pas près d’exister. D’une certaine façon, elle enterre définitivement le XXe siècle dont il ne demeure désormais que quelques stars vieillissantes, des chansons sur les ondes et des fantômes dans nos placards.
Commenter