Débat vain et stérile. Mais débat toujours entretenu… Comparer au sein de cette petite galerie de supers champions et de « fuoriclasse » fait appel à la fois au rationnel et à l’imaginaire, à un peu d’objectivité et beaucoup de parti pris. De cette escouade hors-pair, il convient d’éjecter définitivement Lance Armstrong, l’imposteur démasqué. Il vécut des années de gloire, écrasant le peloton sans vergogne mais la supercherie finit par être révélée au grand jour… L’Américain a dû rendre sa panoplie de maillots jaunes. Un roi déchu, un roi nu. Mais au fait, est-il le seul à avoir triché ?

De Fausto à Tadej

Il y eut Coppi, l’élégant, le « campionissimo » aux jambes fines et au destin tragique ; « Maître Jacques», le styliste, le rouleur hors pair dont le souvenir demeure lié à son adversaire le plus intime, Raymond Poulidor ; « le Blaireau », un besogneux acharné, un teigneux affamé et impitoyable. Et puis Miguel, le Navarrais, métronome, méthodique, petits bras mais gros braquet… A son tour,Tadej Pogacar, le lutin slovène, se hissera peut-être au firmament du cyclisme. Pour l’heure, le temps lui appartient.

Sans partage

Pourtant Eddy Merckx mérite sans-doute, plus qu’aucun autre, d’occuper le haut de l’affiche pour l’ensemble de son immense œuvre, d’autant qu’il dut asservir une génération exceptionnelle. Écrasant, roulant, sprintant, s’échappant, jugulant les ambitions de ses adversaires et leurs tentatives de rébellion, le « cannibale » n’était jamais rassasié et son appétit d’ogre s’exerçait du printemps à l’automne, de la Primavera à la classique des feuilles mortes, en passant par l’enfer pavé du Nord, celui des Flandres ou le parcours majuscule de la « Doyenne ». Le Belge a mis cinq grandes boucles dans son escarcelle et il avait plus d’un tour dans son sac : son palmarès demeure sans égal, sa domination, incomparable. Aujourd‘hui, Eddy a du ventre et vit du souvenir obsédant de ses exploits. Le Tour, lui, se poursuit, plus grand, en fin de compte, que ceux, héros célèbres ou anonymes, qui, au fil des générations, en ont écrit l’histoire.