Tandis que la France surchauffe et, qu’ici et là, elle brûle, le spectacle proposé à l’assemblée nationale a un côté rafraîchissant. C’est que la situation politique a singulièrement changé à la faveur de deux élections dont les résultats se sont révélés à la fois contradictoires et cohérents. En s’imposant pour la deuxième fois face à Marine Le Pen, Emmanuel Macron pensait sans doute avoir fait le plus difficile. C’était sans compter sur un mécontentement fondamental et une impopularité grandissante.
Pour autant Jean-Luc Mélenchon n’a pas gagné son pari. Son aptitude à rassembler une gauche explosée et à recoller des morceaux pour le moins hétéroclites n’a pas suffi à l’imposer comme le chef incontestable de l’opposition. Quant à son rêve de Matignon (mais y croyait-il vraiment ?), il a tourné court.
Sans nuance
La Nupes, sorte d’alliance de la carpe et du lapin, fait aujourd’hui le spectacle au Palais Bourbon. Invectivant, huant, chahutant, rejetant, elle donne l’image d’une opposition plus caricaturale que constructive, plus viscérale que raisonnée, plus radicale que jamais. Les nouveaux députés de cette gauche composite s’en donnent pour le moment à cœur joie. Mais l’heure de la division ne devrait pas tarder à sonner pour cette alliance de circonstance.
Ensemble mais si différents
Comment imaginer, en effet, que des partis aux convictions aussi différentes, et parfois diamétralement opposées, sauront maintenir une unité même de façade face aux problématiques essentielles ? Comment réaliser durablement une synthèse entre communistes et verts sur les questions d’environnement et d’énergie ? Comment socialistes et insoumis pourraient-ils s’entendre sur les thèmes liés à la sécurité, à l’Europe, à l’économie de marché ou à l’immigration ? Le mariage d’opportunité a d’autant plus ses limites qu’aucun de ces mouvements ne peut revendiquer un leadership incontestable à la lumière des dernières législatives.
Pendant ce temps, quelques dissidents socialistes, à l’image de Julien Dray, tentent de redonner un souffle à la social-démocratie, qui fut chère à Michel Rocard. Pas facile, toutefois, de se frayer un passage dans un paysage politique qu’Emmanuel Macron s’est attaché à ravager.
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