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Marc François.
Photo Fanny Reynaud.
Edito

Le médecin-roi

Lutter contre l'épidémie est évidemment légitime et nécessaire. Mais la privation de liberté est-elle pour autant supportable ?

Qui a tort ? Qui a raison ? Tout le monde, en fin de compte, ou peut-être personne. Comme à chaque fois. Car la vérité, si elle existe, se révèle à géométrie variable. Qui a raison donc de ceux qui ont peur et de ceux qui veulent vivre, malgré tout ? Peur parce qu’un virus se propage d’un bout à l’autre de la planète. Vivre parce qu’on n’existe pas vraiment derrière un masque.

Peur de cette épidémie insidieuse qui parcourt la planète ? Mais, en fin de compte, se protéger est à la portée de chacun : nul, jamais, n’est empêché de vivre isolé, confiné, réfugié, solitaire, reclus, comme coupé du monde. Personne n’empêche personne de ne voir personne.

Vivre malgré tout, parce que la vie est courte, que les jours passent, les saisons s’en fuient. Mais comment vivre lorsqu’on est privé de la liberté la plus élémentaire : celle d’aller et venir ?

La vie volée

Ce deuxième confinement, automnal, c’est un peu plus de notre vie qui nous est volée, d’un temps qui ne se rattrapera jamais, de rencontres que l’on ne fera pas, de projets avortés. Quels que soient nos âges et nos situations, ce qui nous est ôté aujourd’hui ne nous sera rendu en aucun cas.  Et ce ne sont pas les aides qui vont pleuvoir, les millions qui vont être injectés, les plans qui vont se succéder qui remplaceront ces opportunités, ces jours subtilisés, ces élans brisés. Demain ne saurait remplacer aujourd’hui.

« Pan-médicalisme »

Sur le fronton des mairies, il est écrit « Liberté, égalité, fraternité ». Un triptyque fondamental de la République que la séquence actuelle foule allègrement au pied. « Santé, égalité, fraternité » serait-elle la nouvelle devise de nos institutions ? Elles oublient, en l’occurrence, que la santé n’est pas une valeur mais un bien. « Dieu est mort, vive l’assurance maladie » ironise le philosophe André Comte-Sponville, pourtant athée, qui ne cesse de dénoncer le « pan-médicalisme », cette nouvelle idéologie qui nous masque, nous assigne à résidence et fait du médecin le roi.

 

 

Ă€ propos de l'auteur

Marc François

A débuté le métier de journaliste parallèlement sur une radio libre et en presse écrite dans les années 80. Correspondant de plusieurs médias nationaux, rédacteur en chef de l’hebdomadaire Info Magazine (Clermont, Limoges, Allier) pendant 9 ans, il a présidé le Club de la Presse Clermont-Auvergne entre 2009 et 2013. Il est l’initiateur de 7 Jours à Clermont.

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