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Marc François.
Photo Fanny Reynaud.
Edito

L’année où les socialistes clermontois tremblèrent

Bien davantage que Toulouse, Clermont est la "ville rose" par excellence. En témoigne le résultat des élections municipales de 2014. Dix neuf ans plus tôt, pourtant, la droite faillit bien conquérir l'hôtel de ville, à l'issue d'un assaut qui ne manquait pas d'envergure.

Bien-sûr, l’actualité a horreur du vide, à moins que ce ne soit le propre des médias…Il sera question tout au long des prochains mois des élections municipales, un feuilleton politique qui revient tous les six ans et nous conduira jusqu’au printemps. La France étant, on le sait, un inextricable mille feuilles administratif, 34.968 élections seront ainsi organisées à l’échelle du territoire national…

A Clermont, les générations changent, le casting se renouvelle parfois mais la situation demeure, inébranlable. La citadelle socialiste tient bon. Elle n’a même pas tremblé en 2014 quand tous les feux semblaient au vert pour une droite ragaillardie : contexte national éminemment favorable (François Hollande en déroute), nouveau candidat chez les tenants du titre. A l’heure où même Limoges renversait la table, Clermont ne bronchait pas et demeurait impassible.

Un duel de titans

Un ancien Président de la République lui-même s’est cassé les dents sur cette forteresse. En 1995, Valéry Giscard d’Estaing, alors président de la Région Auvergne, se lançait donc dans une assez improbable bataille pour l’hôtel de ville de Clermont, défiant un ancien ministre du logement, féru d’Albert Camus, en l’occurrence Roger Quilliot, maire depuis 1977. Un duel de vieux routiers de la politique : un tenant du titre de 70 ans contre un challenger, âgé lui-même de 69 ans, et voulant incarner néanmoins le « renouveau » de Clermont. « J’aurais bien laissé ma place, ça fait longtemps que je suis là ! Mais quand Giscard a décidé de se présenter,  je ne pouvais pas ne pas y aller. S’il s’estimait assez jeune, pourquoi pas moi ? » confiait alors Roger Quilliot au journal Libération.

Le coup passa si près

Cette fois la droite pouvait compter sur un cheval qui ne manquait pas d’allure et le match connaissait une médiatisation nationale. Au cours d’une campagne où l’on notait l’apparition d’une liste « socio-professionnelle apolitique », formée autour de Claude Michy et Jean-Yves Fafournoux, les coups pleuvaient comme il se doit et l’indécision régnait jusqu’au bout. In fine, 861 voix allaient manquer à la droite pour renverser le pouvoir rose. Un score serré mais une gifle, tout de même, pour l’ancien Président de la République qui, de toutes façons, avait beaucoup plus à perdre qu’à gagner dans cet assaut incertain.

La suite est connue : deux ans plus tard, le vainqueur de l’élection, fatigué, laissait son fauteuil de maire. Favori à la succession, Jean-Yves Gouttebel devait s’effacer au bénéfice de Serge Godard, après une lutte intestine au sein de l’équipe municipale. Et, gravement malade, Roger Quilliot se suicidait durant l’été 98. Quant à la droite clermontoise, elle abandonnait pour longtemps ses ambitions de conquête.

 

À propos de l'auteur

Marc François

A débuté le métier de journaliste parallèlement sur une radio libre et en presse écrite dans les années 80. Correspondant de plusieurs médias nationaux, rédacteur en chef de l’hebdomadaire Info Magazine (Clermont, Limoges, Allier) pendant 9 ans, il a présidé le Club de la Presse Clermont-Auvergne entre 2009 et 2013. Il est l’initiateur de 7 Jours à Clermont.

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