1974 : alors que le maire de Chamalières se retrouve à la tête de l’État français, une librairie indépendante ouvre boulevard Gergovia : la Libraire Les Volcans. Elle occupe un emplacement de choix à proximité de la Fac de Lettres, juste en face de la Gare routière. Cette librairie va rapidement devenir une véritable institution clermontoise. Sa clientèle lui restera fidèle malgré l’ouverture, 7 ans plus tard, dans le nouveau Centre Jaude, de la Fnac, enseigne dont on prédisait à l’époque, qu’elle allait tuer le commerce indépendant et en particulier les librairies. Le fondateur, Robert Geneste, a finalement tracé son chemin jusqu’à sa retraire, avant de vendre son établissement. La librairie Les Volcans est d’abord entrée dans le groupe Privat avant de rejoindre le groupe Chapitre, devenant ainsi le maillon d’une chaîne de 57 établissements. Les années 2000/2010 ont été plus difficiles. Sur le boulevard Gergovia devenu Mitterrand, la gare routière (et sa célèbre brasserie) est restée longtemps en friche puis en travaux avant de devenir La Comédie. De leur côté, les actionnaires de Chapitre semblaient davantage intéressés par les dividendes que par les livres.
En 2013 le couperet tombe : le principal actionnaire, le groupe NAJAFI, décide la liquidation judiciaire des librairies Chapitre. Un soir de janvier 2014, 600 personnes sont rassemblées devant la librairie en soutien aux salariés, en vain. La décision de la direction est irrévocable. 40 ans après sa création, en février, la Librairie Les Volcans baisse ses rideaux de fer et attend un repreneur… qui ne viendra jamais.
« Un épisode durant lequel nous n’avons pas douté »
La Librairie Les Volcans définitivement fermée était impensable pour ses clients très attachés à ce commerce, mais aussi pour une partie du personnel qui connaissait très bien le potentiel de cet établissement placé au 3e rang du réseau Chapitre en matière de chiffre d’affaire. Face à la « plus que frilosité » des repreneurs, un groupe de 12 irréductibles libraires se lancèrent dans l’aventure commune de la reprise sous forme de SCOP. « C’est un épisode durant lequel nous n’avons absolument pas douté » explique Philippe Pelade, responsable du rayon histoire à l’époque est aujourd’hui co-gérant de la SCOP. « Il n’y avait pas de doute entre nous sur la validité et la pérennité du projet. Nous avions un plan de financement très costaud avec beaucoup de partenaires financiers derrière nous, cela nous a rassuré. Nous avions à nos côtés les banques, Auvergne Active, la Région, la municipalité, le Centre National du Livre… on avait pratiquement tout ce qui nous fallait financièrement pour avancer. D’un autre côté, nous connaissions notre métier et l’implantation de la librairie au sein de Clermont. On nous attendait et on pouvait compter sur un gros potentiel clients. Nous savions pourquoi la librairie avait fermé, pourquoi nous avions été « torpillé » et pourquoi nous voulions reprendre, en faisant une autre librairie qui nous ressemble, avec un autre mode de gestion ».
« Rouvrir cette librairie était un acte militant »
« Nous savions qu’il y avait une attente puisque nous avions un financement participatif. C’était un indicateur » reprend Philippe Pelade. « Sur la plateforme Ulule, les dons étaient accompagnés de commentaires mais il y avait aussi de dons directs via l’association les Amis de la Librairie les Volcans. Nous savions donc que nous étions très soutenus par les Clermontois, les Puydômois et les Auvergnats. Finalement rouvrir cette librairie était un acte militant ». Mais avoir le soutien des clients était une chose encore fallait-il encore qu’elle soit accompagnée par le monde du livre qui n’est pas réputé pour être milieu facile. « Le milieu du livre n’est pas un milieu de Bisounours, très clairement. Mais paradoxalement nous avons eu un écho favorable lors de l’ouverture des comptes chez les fournisseurs. Comme le plan de financement était solide, nous n’avons pas eu de problème de crédibilité. Nous étions donc soutenus par les fournisseurs et par les institutions locales notamment la mairie de Clermont. Je tiens à citer Olivier Bianchi (ndlr : ex-adjoint à la culture, élu maire de Clermont en avril 2014) qui a suivi le dossier d’assez près. C’est un client amoureux des livres, très attaché aux librairies clermontoises et à la culture en général ».
Le défi était risqué mais finalement les 12 « scopeurs » l’on relevé avec brio, obtenant l’aval du Tribunal de Commerce de Paris. Cette librairie qui était destinée à disparaître, affiche 10 ans après sa réouverture en août 2014, un chiffre d’affaire de plus de 8 millions d’euros (en comptant le CA de la librairie Horizon de Riom entrée dans le giron de la SCOP en 2018) et emploie 50 personnes.
Vie, animation et perspectives de la Librairie Les Volcans à découvrir dans l’épisode #2 de ce dossier.
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