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Illustration Zaïtchick.
Chroniques

La croyance au Père Noël

Jusqu’à quel point peut on laisser un enfant croire au Père Noël ? Question récurrente et perturbante au moment des fêtes de fin d'année.

« Bonjour, je suis inquiète car ma fille a l’air de croire encore au Père Noël alors qu’elle est en CM1. Je crains qu’elle me reproche de lui avoir caché la vérité. Il est vrai que je joue le jeu, car j’aime particulièrement ces moments de Noël que nous préparons ensemble. Le Père Noël en fait partie. Grâce à cette croyance, elle va se coucher fébrile, heureuse, dans l’attente du lendemain… Mais n’est ce pas l’empêcher de grandir que de lui cacher la vérité ? Et ne va t-elle pas plus tard me le reprocher ? Que faut il faire ? »

Ce qui importe avant tout, c’est de repérer comment votre fille se positionne. Un enfant qui est prêt à ne plus croire au Père Noël, ça s’entend. Elle commencera peut être à parler de camarades ou de sa maîtresse qui a dit quelque chose à ce propos et qu’elle n’a pas bien compris. Elle peut se mettre en colère, vous questionner, ou ne rien dire. Elle est certainement aussi consciente du plaisir que vous avez à ce qu’elle croit au Père Noël. Il n’y a pas que pour l’enfant que c’est un plaisir ! Pour l’adulte aussi.

Ce qui est différent entre l’adulte et l’enfant, c’est que l’adulte fait semblant de croire. Pour l’enfant, c’est très mystérieux. En « jouant le jeu », vous lui transmettez un goût du bonheur, vous le dites.

L’imaginaire qui se développe autour du mythe du Père Noël est fécond. Il occasionne des préparations, des créations, de l’écriture, et permet aussi d’accepter des compromis… Il s’agit d’une expérience très riche que vous partagez, et fondatrice d’un point de vue psychique. Elle apprend par exemple à différer son envie d’immédiateté du cadeau, elle accepte d’attendre, elle fait des efforts…

L’imaginaire est un refuge

Une autre dimension est importante. Le personnage du Père Noël, permet aussi à certains enfants de se réfugier dans un imaginaire qu’ils développent autour de cette croyance. Lorsqu’ils ont des tourments, engendrés par le contexte social ou familial, ou des peines de cœur, des détresses…, la croyance « magique » peut être salvatrice.

Si au milieu des ruines, le Père Noël apparaît, alors un peu de paix intérieure est gagnée, ou de jubilation. L’enfant arrive à se protéger grâce à ses croyances et son imaginaire.

Savoir faire semblant # de l’individualisme

Croire en quelque chose de mystérieux, c’est comme un baume au cœur. Apprendre ensuite, à faire semblant de croire, pour faire plaisir à ceux que l’on aime, aux parents, à la maîtresse, aux petits frères et sœurs… est essentiel. Le « faire semblant » choisi, est un signe de la prise en compte de l’autre, de l’éloignement de l’individualisme.

Prendre le temps

Suivez votre fille dans ses avancées. Ne précipitez rien. Laissez là se faire une idée elle même, à sa façon. Et éviter tant que vous pouvez de lui répondre directement. Retournez lui plutôt ses questions, avec beaucoup de bienveillance et de sollicitude « ah… tu as entendu ça… ; qu’en penses tu toi ? » « tu as peut être raison, mais c’est bien mystérieux »…

Quelle est la « juste » mesure? Jusqu’à quel point peut on laisser un enfant croire au Père Noël ? Jusqu’à ce qu’il le souhaite ! Ce qui pourrait vous inquiéter, c’est si elle croyez « dur comme fer » au Père Noël après le passage au collège, après la cinquième, si vous aviez l’impression qu’il s’agit d’une pensée délirante.

D’ailleurs, lorsqu’un délire s’installe, une « croyance folle », c’est que l’enfant se défend de quelque chose d’insupportable. Si vous lui enlevez trop tôt son imaginaire, son délire, toutes ses défenses peuvent s’écrouler. Je vous suggère de regarder le film « I kill giants » Chasseuse de géants. Vous comprendrez comment un univers imaginé peut être salvateur. Jusqu’à une certaine limite.

Et une main tendue est toujours essentielle.

Alors, quand faut-il dire à votre enfant que le Père Noël n’existe pas ? Quand elle vous le dira !

 

 

 

À propos de l'auteur

Karine Mioche

Elle exerce  la psychologie clinique en cabinet libéral, à Clermont-Ferrand et en centre thérapeutique. Au sein de son cabinet , situé en centre-ville, elle est associée à trois médecins. Elle y accueille des adultes, des adolescents et des enfants. Par ailleurs, elle écrit, effectue des recherches et réalise des expertises.

2 Commentaires

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  • Je bien d’accord avec vous, ça serait trop beau de laisser l’enfant découvrir seul ce joli mensonge , mais souvent les « petits » camarades de jeux plus grands, finissent pas lâcher le morceaux pour prouver quelque chose…peut être qu’ils sont déjà grand …

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