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J.M. Lhermet / Photo Ed. Revoir
J.M. Lhermet / Photo Ed. Revoir
Chroniques

«Gagner en France»

Si un jour dans l’avion ou le train de Paris vous croisez la figure historique de Jean-Marc Lhermet, c’est que l’ancien locataire de l’avenue de la République a maintenant son bureau rue Truillot à Ivry-sur-Seine où siège l’Agence Nationale du Sport. Toujours auvergnat mais en rupture de ban (après celle des ligaments croisés il y a trente ans) avec son club de presque toujours, ‘’la Lherm’’ comme l’appelait ses équipiers, s’active à ce que pleuvent les médailles sur nos athlètes des JO de PARIS 2024.

« Je ne quitte pas le club parce que j’ai un autre projet, je vais prendre le temps de réfléchir à ce que je vais faire. » Quand en août 2021 l’ingénieur diplômé de l’INSA commentait laconiquement son départ de l’ASM, il ignorait sans doute qu’un coup de fil de Claude Onesta ne lui laisserait guère le temps de la réflexion.
Claude Onesta, souvenez-vous, ce fut le patron des ‘’experts’’. Ces mecs qui, du milieu des années 2000 jusqu’en 2015, allaient hisser le Handball tricolore jusqu’à l’Everest du sport avec un paquet de médailles dont trois titres européens, trois médailles d’or mondiales et deux titres olympiques.
Et Jean-Marc Lhermet de se vêtir aussitôt de ‘’bleu-blanc-rouge’’ en rupture avec 34 années de vie en jaune et bleu.

Onesta expert en chef / Photo France 24
Onesta expert en chef / Photo France 24

Désamour et conversion

Rupture, c’est bien le mot qui convenait même si le club et l’intéressé s’accordaient à noyer le poisson de la discorde. Après 12 années sur le pré depuis 1987, agrémentées de plusieurs sélections internationales et de deux finales infructueuses, l’emblématique troisième ligne et capitaine asémiste était passé ensuite par la case de la formation puis à la direction sportive du club, ponctuée par le premier Brennus, sous la présidence de René Fontès.
Écarté du secteur pro en 2017 par Eric De Cromières qui souhaitait travailler en direct avec Franck Azéma et avait déjà supprimé le poste de Directeur Général, Jean-Marc Lhermet se voyait alors confier la responsabilité d’un projet de développement du club. Mais le boulevard du développement ne tarderait pas à déboucher sur l’impasse du placard. On ne peut faire semblant d’ignorer qu’avant de quitter son siège au conseil d’administration de l’ASM, notre homme était allé au clash en dénonçant la stratégie jugée par lui suicidaire de renouveler nombre de contrats déjà très ‘’juteux’’, dont celui de l’entraîneur, et d’en cumuler les échéances pour 2023.
Lhermet avait-il vraiment tort quand on voit la panade dans laquelle s’est ainsi plongé le club ?

J.M. Lhermet / Photo T. Zoccolan
J.M. Lhermet / Photo T. Zoccolan

L’agence et la haute performance

Pendant que le président Guillon se brûlait les doigts avec la patate (toujours) chaude dont il avait hérité, JML donnait suite à la proposition insistante de l’ex-gourou des ‘’experts’’ de venir apporter sa propre expertise au sein d’une cellule en gestation baptisée ‘’Haute performance’’. Quezaco ?
Présidée alors par Jean Castex, avant qu’il n’hérite (lui aussi) des patates chaudes à Matignon-sous-Covid puis à la RATP, la toute nouvelle Agence Nationale du Sport (ANS) fut lancée en avril 2019. Ce Groupement d’Intérêt Public ayant pour mission de développer la pratique sportive dans l’hexagone et, en urgence, de favoriser l’éclosion et la pousse de nos graines de champions en vue des JO et Paralympiques de Paris 2024.
Le temps de convaincre toutes les parties prenantes de la nécessité de mettre en œuvre une stratégie unique et partagée, la cellule Onesta recrutait une vingtaine d’anciens athlètes ou coachs de haut niveau pour passer à l’acte en avril 2022.
Partant du bilan mitigé des précédents JO combiné à la déroute française au récent mondial d’athlétisme à Eugene USA, 200 sportifs environ furent ainsi répertoriés comme potentiellement médaillables en 2024. Restait à les auditer afin de déceler quels pouvaient être les besoins de chacun en matière d’équipement et d’accompagnement technique, humain ou médical.
Sachant que parmi eux, et surtout dans les disciplines les moins médiatisées, tous ne sont pas pro à 100% et ont besoin d’une évolution de leur cadre socioprofessionnel permettant de dégager le temps nécessaire à la préparation.
Dès son arrivée à l’ANS en octobre 2021, l’ex-Montferrandais, qui siège toujours, dans l’opposition, au comité directeur de la FFR, se trouvait donc en charge de la création et de l’animation d’un réseau entre clubs pro et athlètes.

Entrez dans l’Agence / Photo ANS
Entrez dans l’Agence / Photo ANS

Performer avec les clubs professionnels

«En France, on compte environ 80 clubs pro possédant les structures et les compétences humaines pour accompagner nos athlètes. Jusqu’alors, il n’y avait pas ou très peu d’interaction. » Et Lhermet d’ajouter qu’à cet égard, son ancien club avait préalablement joué le jeu avec Renaud Lavillenie ou Romain Bardet.
Dans le cadre du projet ‘’Haute performance’’, le pôle perche de Clermont est actuellement en connexion avec le centre d’entrainement pro de l’ASM. De leur côté, le Stade Toulousain accueille trois athlètes de l’Equipe de France de Rugby fauteuil, le FC Grenoble rugby est en symbiose avec le paracycliste Florian Jouanny médaillé d’or aux JO de Tokyo, et le centre d’entrainement des footeux du LOSC doit intégrer l’équipe tricolore de cyclisme sur piste.
Le Covid étant passé par là, le nombre de projets mis en place en collaboration avec des clubs pro se limite pour l’heure à une bonne vingtaine mais, dixit Jean-Marc Lhermet « 2023 verra une accélération du processus, les moyens sont là ! »
Pour l’ensemble de ses missions, l’Agence Nationale du Sport affiche un budget 2023 de 462,9M€.

Florian Jouanny / Photo Comité Paralympique
Florian Jouanny / Photo Comité Paralympique

L’inspiration pour gagner en France

Si la ‘’mission Onesta’’ concerne les athlètes, elle vise aussi les coachs en direction desquels des séminaires réguliers ont été mis en place pour améliorer les compétences techniques qu’ils possèdent déjà mais, surtout, des compétences en matière de préparation mentale, de psychologie, de management. L’approche des médias, des familles et de l’entourage des athlètes est aussi à l’ordre du jour.
Au-delà de l’animation du réseau avec les clubs pro, Jean-Marc Lhermet est en charge du projet ‘’Inspiration’’ qui doit faire en sorte que tous nos athlètes soient habités d’une motivation transcendantale transformant la pression négative en pression positive pour honorer leur maillot et performer sur leurs terres.

Photo : Franck Fife + Franck Fife / AFP)
Photo : Franck Fife + Franck Fife / AFP)

De janvier 2023 jusqu’à juillet 2024, des grands noms du sport, de la cuisine ou de l’entreprise partageront avec les acteurs des JO leurs expériences de la réussite au Top niveau qui passe aussi par une extrême attention portée à la préparation du matériel.
Edgar Grospiron, le chef Thierry Marx et autre François Gabard sauront sans doute délivrer le message inspirant qu’attend d’eux Jean-Marc Lhermet et toute l’équipe de ‘’GAGNER EN FRANCE’’. Comme a su le faire Didier Deschamps avec sa troupe au Qatar, et pour que le bonnet phrygien ne se transforme pas en bonnet d’âne.

Thierry Marx / Photo Businew
Thierry Marx / Photo Businew

À propos de l'auteur

Yves Meunier

Bourbonnais originaire de Gannat où il s’est essayé au rugby sous le maillot de l’ASG pendant une douzaine d’années. Diplômé d’Etudes Supérieures en Sciences Economiques à l’Université de Clermont. Journaliste à France3 Région de 1972 à 2007. Aujourd’hui impliqué avec des amis dans une aventure viticole du côté de Saint-Emilion et toujours en prise avec le sport auvergnat au sein de l’Union des Journalistes de Sports en France.

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