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Une boucherie vandalisée- photo D.R.
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Faut qu’ça saigne : les bouchers dégustent

Depuis quelques semaines, les devantures des artisans bouchers sont la cible de raids destructeurs. Les auteurs en seraient des militants véganes et/ou antispécistes…

« Anti-viande, anti-élevage, anti-tout »

Cela fait grand bruit dans le landernau médiatique et omnivore. Plusieurs devantures de boucheries  ont été taguées, et quelquefois cassées, ces dernières semaines, dans plusieurs villes françaises, dont Lille et Angers. Les vitrines d’artisans bouchers (et même une poissonnerie) ont été la cible d’actes qui ressortent du vandalisme mais qui, en fait, se veulent les signes d’une virulente protestation contre la consommation de produits animaux. En effet, à chaque fois, les forfaits auraient été « signés ».  « Viande = meurtre », « Stop au spécisme » et autres allégations très claires ont été retrouvées sur les lieux. Les auteurs de ces méfaits seraient donc des « anti-viande, anti-élevage, anti-tout », comme les désignait récemment un responsable d’association d’éleveurs creusois.

Bien entendu, on peut regretter que des militants d’une cause qui, par définition, est une dénonciation de la violence exercée à l’encontre des animaux s’en prennent au petit commerce et n’aient pas de compassion pour les artisans qui triment derrière leurs étals sans avoir le moins du monde le sentiment de mal faire. Il manque à ce genre de méthodes un peu de pédagogie.

Ce que cela nous dit…    

De plus, est-ce la meilleure façon d’attirer à soi l’approbation du commun des mortels ? Rien n’est moins sûr. Donc, pour ce qui est de l’efficacité, on dira sobrement « peut mieux faire ». Brigitte Gothière, porte-parole de l’association phare de la cause « anti-viande, anti-élevage, anti-tout » L214, et d’autres responsables d’associations véganes se désolidarisent d’ailleurs de ces actions épidermiques et frappées au sceau de l’immaturité.

Il n’y a eu évidemment aucun blessé, enfin jusqu’à présent, et les seules victimes de ces raids vengeurs sont à compter parmi le matériel. Vitrines brisées, au pire. Cela a suffi pour mettre en émoi l’ensemble de la profession, c’est-à-dire les 18.000 bouchers français qui demandent à Gérard Collomb la protection de la police, rien de moins.

Mais enfin, il faut bien tirer quelques conclusions de ces actes, quel que soit le jugement que l’on porte à leur encontre. Ils disent quelque chose de notre indifférence devant la souffrance animale, qui va bien au-delà des trois millions d’animaux sacrifiés chaque jour dans les abattoirs français sur l’autel de la consommation. Ils disent aussi qu’il existe des gens qui ne supportent plus chez leurs contemporains la désinvolture, l’égoïsme, la recherche du profit, et que, désormais, il faudra compter avec le fait que les animaux sont des êtres sensibles et intelligents. Un peu comme nous, finalement…

À propos de l'auteur

Josée Barnérias

A toujours été au plus près de la cause animale. En septembre 2010, a fondé La Griffe, association d'information et d'intervention pour les animaux. Aujourd'hui encore, elle en est la présidente. A travaillé pendant trente années dans la Presse quotidienne régionale. Elle vit à Clermont-Ferrand.

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