Portée par l’animateur Stéphane Bern, Mission Patrimoine pour la sauvegarde du patrimoine en péril, reçoit chaque année beaucoup de dossiers de candidature mais tous ne peuvent, hélas, pas être retenus. Déployée par la Fondation du patrimoine qui est soutenue par le ministère de la Culture et la Française Des Jeux, la Mission vient de publier la très attendue liste 2023 des 100 sites départementaux retenus pour la métropole et l’outre-mer. Les lauréats 2023, un par département, pourront bénéficier d’un soutien financier dont le montant officiel sera annoncé, site par site, en fin d’année.
Pour le Puy-de-Dôme, le lauréat de cette année est le Château-Dauphin de Pontgibaud. Les trois autres lauréats auvergnats étant : Les burons des Hautes Terres dans le Cantal, Le Donjon du Petit Fourchaud à Besson dans l’Allier et l’église Saint-Philibert des Estables en Haute-Loire.
Implanté sur une coulée de lave
Le Château-Dauphin de Pontgibaud qui appartient au Comte et la Comtesse Gabriel de Germiny est un bel exemple d’architecture médiévale, complété au XVe siècle et restauré au XIXe. Demeure familiale, classée Monument Historique, la propriété est située en contre haut du bourg, implantée sur le rebord occidental de la Cheire de Pontgibaud, l’une des deux coulées de lave du puy de Côme. Les jardins sont situés dans la partie basse du domaine. La terrasse sur laquelle est implantée la tour résidence est sans doute issue d’un ancien remodelage du terrain, visant à asseoir l’enceinte médiévale et ses tours sur une surface plane, dominant les parterres du jardin. L’aile des communs bâtie au XVIIIe siècle contre la courtine Nord-Ouest, masque la lisibilité du périmètre de l’enceinte originale. Le château possède également un jardin-potager, lui aussi, classé Monument historique et le musée des mines d’argent du canton de Pontgibaud.
Un lieu marqué par l’histoire de France
Entre 1190 et 1197, alors que le roi Philippe Auguste s’apprête à reconquérir les provinces perdues, (au milieu du XIIe siècle Aliénor d’Aquitaine a épousé Henri II Plantagenet, roi d’Angleterre et l’Auvergne est alors anglaise) Robert I, Comte d’Auvergne et troubadour, dit aussi Comte Dauphin, entreprend la construction du donjon de Pontgibaud et de son enceinte jalonnée de tours. Au début du XIIIe siècle, le château tombe aux mains d’Archambaud de Bourbon pour le compte du roi de France puis la régente Blanche de Castille, rend la forteresse au Comte Dauphin contre la promesse de ne plus y recevoir les ennemis du roi de France. En 1438, le maréchal Gilbert III de La Fayette, seigneur de Pontgibaud et compagnon d’armes de Jeanne d’Arc, obtient de Charles VII l’autorisation de renforcer les défenses de la forteresse. Il reconstruit une enceinte plus puissante et agrandit le donjon carré. 6 ans plus tard avec l’accord du roi, il dote sa ville Pontgibaud de remparts. Pendant les guerres de religion, Château Dauphin tombe aux mains d’un capitaine hugenot.
Le XVIIe siècle connait l’abandon de la forteresse au profit d’un bâtiment construit dans la cour basse et commence alors la lente dégradation du château fort. Durant la révolution Château Dauphin est confisqué, pillé puis vendu comme bien national. À l’orée du XXe siècle, le Comte César III de Pontgibaud, remet enfin la main sur Château Dauphin et le fait revivre.
Les urgences du Château-Dauphin à traiter
Si la Mission Bern a retenu le dossier, c’est bien entendu pour l’urgence à traiter ce qui risque d’être fatal au château si rien n’est fait à temps. L’ensemble architectural est jugé dans un état globalement mauvais. La tour des Clapiers présente des fissures et ouvertures dues à des infiltrations d’eau au niveau de sa toiture. Le rempart du XVe siècle menace de s’effondrer. La rupture du parement Nord-Ouest est consécutive à de nombreuses infiltrations d’eau au cœur des maçonneries, qui ont entraîné la dissolution des mortiers et la perte de cohésion entre les parements et le blocage intérieur. S’ajoute plus récemment un éboulement du parement du donjon rond du XIIe siècle dont l’étanchéité est à refaire, ainsi que celle du chemin de ronde et de la partie sommitale en plomb très vétuste.
La sélection du Château-Dauphin dans les lauréats de la Mission Bern arrive donc à point nommé pour les propriétaires très attachés à ce bien de famille qu’ils font vivre le plus possible à travers des animations et des concerts l’été. Les travaux doivent débuter dès l’automne pour une réception en 2024.
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