Pour Clermont, 2023 sera l’année Blaise Pascal, dont le 400e anniversaire de la naissance sera officiellement célébré le 19 juin. Mathématicien, physicien, inventeur, philosophe, moraliste et théologien né à Clermont au pied de la cathédrale dans un immeuble aujourd’hui disparu, il a laissé un héritage immense, finalement assez peu mis en valeur dans la capitale auvergnate. Cet anniversaire donne donc l’occasion de remettre en lumière l’homme et son œuvre via une programmation riche de nombreux événements, sur lesquels 7 Jours à Clermont reviendra régulièrement. Pour mieux appréhender cette année anniversaire, nous avons rencontré Guillaume Delpiroux, chargé de mission pour la Ville de Clermont : il revient sur l’homme et la commémoration.
7 Jours à Clermont : Est-ce que célébrer la naissance d’un personnage né en 1623 a du sens en 2023 ?
Guillaume Delpiroux : Il y a une véritable actualité de la pensée de Pascal et pour un territoire comme celui de Clermont, c’est une chose importante de se réclamer d’un personnage comme lui au début du XXIe siècle.
7JàC : Cet anniversaire n’est-il finalement pas une belle opportunité pour Clermont de redonner à Pascal la place qu’il mérite ?
G.D : En effet, il est rare pour une ville d’être le lieu de naissance d’une personne, dont la portée, les recherches, la puissance de création est aussi importante que celle de Blaise Pascal. On parle des différents visages de Blaise Pascal… on est effectivement avec quelqu’un qui est mort à 39 ans, mais qui était un scientifique immense. Il a révolutionné son temps, et contribué à révolutionner son domaine en donnant aux scientifiques les moyens de travailler différemment. Il y a un avant et un après la Pascaline qui marque le lancement de l’histoire de la machine à calculer.
7JàC : Mais Pascal n’était pas seulement un scientifique
G.D : C’est aussi un auteur en effet, qui révolutionne complètement le vocabulaire scientifique, mais aussi celui de la littérature. C’est également un théologien qui pose des questions absolument fondamentales. Quand on rassemble le poids et la portée de son apport, on s’aperçoit que ça parle au quotidien et que les engagements de Pascal restent tout à fait d’actualité. On verra dans la réédition de ses œuvres complètes à quel point il y a encore une fraîcheur dans son travail et dans ses textes. Son apport reste intéressant pour notre quotidien, d’ailleurs beaucoup de corps de métiers s’en réclament. Les ingénieurs considèrent aujourd’hui encore Pascal comme un guide par sa manière d’approcher les sciences et la manière dont il fait les sciences.
7JàC : Pascal était-il finalement quelqu’un de transgressif ?
G.D : Oui c’était le propos des Provinciales par exemple où les écrits sont extrêmement transgressifs. Il rédige parfois des textes sous des pseudonymes et se mets en danger personnellement. Lorsqu’il s’engage dans le paris, lorsqu’il fait la démonstration du vide avant de s’engager dans un propos théologiens, il est en danger car il fait se confronter son travail de scientifique pur avec celui de théologien sur des objets qui pourtant sont en contradiction. C’est extrêmement puissant et il arrive en plus à trouver une cohérence à l’ensemble. Quand on reprend Les Pensées, on se rend compte des dilemmes face auxquels il se trouvait, face à des questions très puissantes qui nous parlent encore aujourd’hui.
7JàC : Une exposition est programmée au MARQ durant l’été, va-t-elle montrer les différents visages de Pascal ?
G.D : Oui. Il y a aura différentes séquences : Blaise Pascal ancré dans son territoire, une évocation de sa « Nuit de feu » qui est un moment de transcendance absolue pour lui qu’il couche sur le papier de manière poétique étonnante, son action en tant qu’ingénieur. Nous aurons également des documents papiers issus d’une exposition qui avait eu lieu en 2016 à la BNF, des objets et des éléments qui présenteront le visage de Blaise Pascal à travers les représentations d’artistes, car la question iconographique est très importante. Il y a plusieurs visages de Pascal…on connait le billet de banque, mais il y a aussi le portrait de Philippe de Champaigne, le travail d’Henri Cueco, l’évocation dans Ma nuit chez Maud.
7JàC : L’idée c’est aussi de parler de Pascal à tout le monde ?
G.D : Absolument… souvent on connait le nom, on a quelques vieux souvenirs du Bac dans le meilleur des cas, donc la connaissance est forcement parcellaire. Alors l’idée c’est de proposer un grand nombre d’entrées : par le MARQ avec son exposition, mais aussi des moments ludiques, parce qu’il en faut comme par exemple un quiz avec les commerçants qui permet d’entrer dans l’histoire de Blaise Pascal mais aussi dans la vie de la France au XVIIe siècle, comment était Clermont à l’époque, comment on y vivait, qu’est ce qu’on y mangeait question que l’on posera avec l’ Etonnant festin. Donc avec Pascal on entrera une période de l’histoire qui gagne à être redécouverte.
Cédric Villani, mathématicien et homme politique, ouvrira les célébrations de commémoration. Il animera une conférence publique consacrée à l’enseignement des mathématiques « « Papa, je veux faire des maths » – De Pascal à nos jours, quelle vocation, quelle carrière pour l’aspirant mathématicien ? »
Vendredi 13 janvier, à partir de 18h30, Amphithéâtre Michel de l’Hospital de la faculté de Droit 41, Bd François Mitterrand à Clermont-Ferrand. Entrée libre et gratuite dans la limite des places disponibles.
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