Ce mercredi 29 décembre 1937, sur la Nationale 7, une Traction Avant Citroën roule à vive allure en direction de Clermont-Ferrand. Au volant, Pierre Michelin, 34 ans, administrateur de la société Michelin, devenu président-directeur général de la société Citroën trois ans plus tôt, quand le manufacturier clermontois en a pris le contrôle.
Il vient de traverser Montargis, quand soudain, à Mormant sur Vernisson, un coupé Peugeot 301 arrivant en face, se déporte sur la gauche. Pierre Michelin ne peut l’éviter, le choc est effroyable… De la Peugeot, on retire trois morts, Louis Lagorgette, sa femme et son fils, tués sur le coup. Dans la Traction, Pierre Michelin est grièvement blessé. On le transporte à l’hôpital de Montargis dans un état désespéré. Amputé de la jambe droite, il meurt le lendemain matin. Édouard Michelin vient de perdre son second et dernier fils, le premier, Étienne était mort en 1932 dans un accident d’avion.
Élucubrations
Comme souvent, la mort brutale d’une personnalité ouvre la porte à toutes les suppositions, surtout quand on apprend que Louis Lagorgette est un cadre de la S.F.I.O (le futur Parti Socialiste), directeur de cabinet de Paul Faure, Ministre d’État du gouvernement Léon Blum. Est-ce une vengeance des partis de gauche contre celui qui incarne la patronat français ? D’autres y voient la main de la Cagoule, une organisation d’extrême-droite qui cherche à renverser la IIIe République…
Des hypothèses difficiles à soutenir, surtout quand on sait que Louis Lagorgette se baladait en famille et surtout, n’était titulaire du permis de conduire que depuis deux semaines.
Loin de toutes les idées de complot, cet accident malheureusement banal est à ajouter aux nombreuses tragédies qui endeuilleront la famille Michelin au fil des ans…(Je remercie mon ami Antoine Demetz pour les précisions apportées sur les circonstances de l’accident).
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