Betty Miss Boll a longtemps animé la rue Savaron avec son atelier-galerie où elle présentait ses créations consacrées à l’univers du jeu d’échec (lire notre article du 5 janvier 2018). Trop à l’étroit sur le plateau central de Clermont, elle s’est s’installée dans le centre médiéval de Billom où elle a trouvé suffisamment de mètres carrés pour créer plus confortablement. Mais la voici de retour, au moins jusqu’au 31 décembre, place de la Victoire, avec une de ses créations, Le curieux bureau de Blaise Pascal, au premier étage de la Libraire Nos racines d’Auvergne. Cette installation qui s’inscrit dans le programme des commémorations des 400 ans de la naissance de Pascal, propose une formidable plongée dans le temps et dans la vie du mathématicien-philosophe clermontois.
7 Jours à Clermont : Depuis combien de temps vous intéressez-vous à Blaise Pascal ?
Betty Miss Boll : Je travaille sur lui depuis plusieurs années, pas spécialement pour cette année anniversaire d’ailleurs. Cela fait longtemps que je suis collectionneuse d’objets et j’avais en tête de présenter ce Curieux bureau de Blaise Pascal à la manière d’un cabinet de curiosités. Je voulais qu’on ait l’impression d’entrer dans une pièce du XVIIe siècle, qui plus est, dans son bureau. J’ai chiné de nombreux objets, petit à petit. Les deux pièces les plus importantes à trouver était son bureau, il fallait absolument qu’il soit de style Louis XIII et sa chaise. J’ai mis la main sur une cathèdre absolument magnifique.
7JàC : Et comment avez-vous imaginé l’ensemble du décor ?
B M B : Je me suis largement inspirée des tableaux de l’époque, il n’y a pas meilleure information que les tableaux. Je me suis également inspirée d’un téléfilm de Roberto Rossellini de 1971, réalisé pour la RAI, qui s’appelle tout simplement Blaise Pascal avec Pierre Arditi dans le rôle principal. C’est un film très précis sur la vie du philosophe, dans lequel il y a très peu d’erreurs selon les historiens spécialistes. J’ai fait plein d’arrêts sur image, sur le bureau du papa de Blaise, sur son propre bureau, sur sa chambre, sur l’appartement que la famille habitait à Rouen. J’ai essayé de coller au plus près de cette ambiance même si les meubles ne sont pas toujours d’époque pour des questions de moyens.
7JàC : Malgré cette documentation, vous avez dû imaginer des choses ?
B M B : Oui carrément. Le bureau est comme il est dans ma tête, puisqu’on ne le connaît pas vraiment. Il n’y a aucune gravure de ce bureau, tout au plus un document le représentant assis derrière une table. Donc tout cela sort de mon imaginaire. Mais au départ, l’idée était de reconstituer la vie de Blaise Pascal donc avec des objets qui la représentent. J’ai mis des crucifix pour son éducation religieuse catholique, même s’il est devenu janséniste, un tableau car il était toujours en train de calculer, les boîtes avec ses Pensées puisqu’on a retrouvé 741 autographes et 27 liasses. J’ai mis également son encrier, il écrivait à l’encre violette qui est devenue marron en vieillissant, des objets pour ses expériences notamment sur les liquides que l’on appelait les liqueurs à son époque. J’ai également construit une maquette de Pascaline assez trompe l’œil… le tout est éclairé par des bougies (LED pour des questions de sécurité) pour recréer l’ambiance du siècle.
7JàC : Et vous avez aussi créé une fenêtre…
B M B : Oui. Nous sommes place de la Victoire que j’aime bien appeler Place Blaise Pascal. Donc par cette fenêtre, on peut voir la cathédrale comme Pascal la voyait, sans les flèches de Viollet-le-Duc et sa maison natale. Il y aussi une fausse porte, finalement…. on est dans un décor de théâtre.
7JàC : Une bibliothèque avec une porte vitrée laisse aussi apparaître des livres et de nombreux objets.
B M B : Comme au départ je suis collectionneuse de Blaise Pascal, il y a beaucoup de livres et d’objets insolites et hétéroclites. Au total à peu près 250 objets. Il y a quelques éditions originales des ses oeuvres publiées au siècle suivant, car avant, elles étaient interdites. J’ai aussi des choses qui présentent des originalités avec des défauts, des fautes d’orthographe et quelques raretés. Il y a aussi un crâne pour évoquer la vanité, un thème important pour Pascal.
7JàC : Sur son bureau vous avez posé un jeu d’échec. Était-il joueur ?
B M B : On sait que Pascal était très joueur dans la première partie de sa vie. Il jouait aux dés, c’est d’ailleurs grâce à cela qu’il a travaillé sur les probabilités avec le mathématicien Pierre de Fermat. On sait qu’il jouait aux cartes, à un jeu qui s’appelait L’Ambiguë, l’ancêtre du Poker, et cela m’aurait bien plu de savoir que Pascal jouait aux échecs, moi qui travaille ce sujet depuis 20 ans. J’ai donc cherché dans beaucoup d’écrits et dans des occurrences, sans succès. Mais comme il était curieux et joueur, si un jour, il s’est retrouvé face à un jeu d’échecs, il a forcement eu envie de jouer. À Rouen, il était voisin de Corneille et on sait que Corneille jouait aux échecs, donc… J’ai fait une exposition il y a quelques années qui s’appelait Quelles sont les probabilités pour que Blaise Pascal ait joué aux échecs ? Le point d’interrogation subsiste toujours, mais j’ai trouvé que ce jeu allait très bien sur son bureau.
7JàC : Dans ce bureau il y a un écran qui diffuse une vidéo présentant un cabinet de curiosités consacré à Pascal. De quoi s’agit-il ?
B M B : J’avais fait ce cabinet de curiosité il y a 5 ou 6 ans. À chaque exposition que je monte, je fais un cabinet de curiosité. Celui-ci réunissait mes deux passions puisque j’avais réuni un cabinet de curiosités dans un jeu d’échecs du début XXe qui se ferme, avec, à l’intérieur, la vie de Pascal qui apparaissait. J’ai vendu ce cabinet. Cela m’a rendu triste parce que je l’aimais beaucoup et en même temps heureuse, parce qu’il faut vendre des œuvres pour en créer d’autres. Sa vente m’a décidé à reproduire ce cabinet en grand, c’est celui qui est présenté ici. Quant au cabinet original, on peut le voir sur YouTube.
Le curieux bureau de Blaise Pascal de Betty Miss Boll, à visiter à la Librairie Nos racines d’Auvergne, 5 place de la Victoire à Clermont.
Présence de l’artiste tous les mercredis. Programme d’animations à venir ultérieurement.
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