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Stade Michelin / Photo Yves Meunier
Stade Michelin / Photo Yves Meunier
Chroniques

ASM : pour que revienne le soleil d’Austerlitz

Le constat est parlant : il n’y a pas un seul international français dans les rangs du rugby montferrandais où, qui plus est, personne ne parait en mesure de frapper à la porte du XV de France. En phase de rédemption, l’ASM Clermont ne se cache pas la réalité sachant que son retour au top niveau passera forcément par le renouveau de sa force d’attraction.

« Pourquoi Clermont ? Je suis désolé de vous le dire, dans les clubs du Top14 c’est la ville qui fait le moins rêver ! » Bon ben voilà !
Dans le film ‘’L’esprit de famille’’, apparait aux côtés de Berléand, de Tonquédec et autre Balasko, un fidjien maousse costaud prénommé ‘’Napoléon’’ qui joue au rugby à Clermont mais qui déprime à mort et veut s’en retourner sous les cocotiers du Pacifique (ça nous rappelle quelqu’un). Je vous passe les péripéties du scénario pour retenir la réponse spontanée donnée par le réalisateur à la question qui lui avait été posée : pourquoi Clermont ?
Rien à voir avec inspiRe et les embarras de la circulation puisque le film date de 2019…Voilà en tout cas un clin d’œil qui ouvre le vrai dossier de l’actuel manque d’attractivité de l’ASM Clermont.

Désamour populaire

Il y a d’abord cette perte d’attractivité locale, ou régionale, qui a suivi la finale perdue en 2019 conjuguée à l’épisode Covid et une gestion à la petite semaine. Le tout agrémenté des psychodrames (Lapandry, Vahaamahina, Azéma, Haouas) que le club vient de finir par solder grâce à l’implication financière de Michelin et sa reprise du contrôle des affaires.
Ajoutez à cela l’émergence du Clermont Foot 63 en Ligue1 en même temps que les résultats du terrain plongeaient l’ovale dans le ventre mou des compétitions hexagonales et européennes… Bonjour tristesse avenue de la République !
Confrontée à cette réalité du désamour populaire, la salutaire opération ‘’vide-greniers’’ entamée au fil de la saison dernière avec, notamment, l’embauche du non conformiste Christophe Urios, apportait la preuve qu’une certaine révolution se mettait en marche.
Côté business, l’évolution sinon la révolution, passe évidemment par les finances. En nous précisant que le budget global tourne autour de 30M€, le DG Benoit Vaz constate qu’à côté des 55% du partenariat et des 16% des droits TV, plusieurs postes de recettes doivent être confortés, tous liés à l’attractivité.

Benoît Vaz vers son équipe / Photo Y.M.
Benoît Vaz vers son équipe / Photo Y.M.

Des lignes à faire bouger

Via une large diversification de l’offre et des canaux de distribution de la billetterie, le club vise à retrouver un meilleur niveau cumulé d’abonnements et de fréquentation les jours de match (16 à 17% du budget recettes actuellement). La reprise du secteur merchandising et, pour la saison prochaine, les projets d’animation et d’offre de restauration rapide et snacking autour du stade devraient contribuer à drainer un surcroît de public.
Il est une autre ligne budgétaire que le club entend faire bouger, celle de l’évènementiel hors matchs. « Cela dégage 600 à 700 000€ de recette annuellement, soit à peine plus de 2%du budget et c’est insuffisant » précise le DG de l’ASM, « Il faut que le stade vive tout au long de la semaine et nous nous employons à booster ce secteur. Le potentiel est important, beaucoup d’entreprises ont besoin de locaux à géométrie variable pour leurs évènements…et nous avons ça ! » Face à la concurrence, en particulier GL Events, le club insiste sur les ‘’plus’’ qu’il peut proposer.
Et Marine, responsable ‘’business unit ASM Events’’ de faire valoir ces plus que sont l’écrin du stade, sa visite et l’interactivité d’ASM Expérience, agrémentés des interventions de Didier Retière ou autres membres éminents du staff jaune et bleu.
Autant de perspectives et de produits d’appel qui ne trouveront leurs finalités que si les performances sportives viennent, sans trop tarder, redorer le blason du club.

Séminaire au Michelin & Marine ASM Events / Photos Y.M.
Séminaire au Michelin & Marine ASM Events / Photos Y.M.

La Pat’patrouille en action

Si l’attractivité de la ville n’apparaît pas comme un souci majeur concernant les joueurs étrangers, Benoit Vaz admet que la perception par les joueurs français est différente. « Le projet sportif proposé et les conditions financières selon les postes et les niveaux (international, très bon joueur de club ou joueur en développement) sont prépondérants, mais l’extra-sportif compte énormément pour les renforts que nous souhaitons nous attacher ».
Là où la plage n’est pas sous les pavés, il convient de séduire avec d’autres atouts et c’est là qu’intervient une petite brigade de bénévoles agissant de concert avec le président, le DG, le directeur du développement ou le team manager.
Cette ‘’Pat’Patrouille’’ réunissant Pierre, Isabelle, Véronique et Mireille s’active pour préparer l’accueil des nouveaux joueurs et faciliter le quotidien de la famille afin que l’homme aux crampons puisse se concentrer pleinement sur son cœur de métier.
La longue expérience de Mireille lui permettra de débrouiller tous les écheveaux administratifs dont notre douce France a le secret, Isabelle et Véro feront en sorte de faciliter la vie des épouses ou compagnes et de leurs enfants (relations avec la CPAM, les écoles, crèches, nounous, femmes de ménage…).

Isabelle et Pierre / Photo Yves Meunier
Isabelle et Pierre / Photo Yves Meunier

Aux petits oignons

Quant à Pierre, en charge des logements, son sacerdoce commence bien en amont, souvent en relation avec l’agent du joueur ou directement avec l’intéressé. Souhaitera-t-il le centre- ville, la proche banlieue, la campagne, une maison ou un appartement ? En s’assurant, une fois la préférence identifiée, de la cohérence avec les besoins d’écoles, de crèche, de commerces et de la facilité d’accès au stade.
Ainsi de la famille Urdapilleta qui a choisi une villa pas très loin du centre-ville clermontois. Martina, l’épouse de Benjamin et mère de l’aîné Joaquin, de la petite Emilia et du dernier né Beltran m’explique s’être décidée en fonction des relatives proximités de l’ensemble scolaire international où les enfants apprennent l’anglais et de la crèche pour le petit dernier. Benjamin, lui, me montre d’un air satisfait le jardin où il peut organiser l’asado près de la piscine. Il est là le bonheur ! Ce qui n’empêche pas Martina de me demander si les travaux en ville vont durer longtemps. Pour la réponse j’ai tapé en touche…
L’assistance de l’ASM ne s’arrête pas à l’arrivée des familles et la signature des contrats pour l’eau, l’électricité, les assurances ou internet. « Nous sommes disponibles tout au long de l’année afin de faciliter leur accès aux services, que ce soit pour l’entretien de la chaudière ou l’achat du bois pour la cheminée. Mais c’est de l’assistance, pas de l’assistanat » insiste Pierre.
En parallèle, le staff sportif et Michelin s’impliquent pour bâtir un cursus professionnel hors rugby aux joueurs qui le souhaitent et, éventuellement, faciliter l’accès à un emploi pour leurs épouses.
Cette politique ‘’aux petits oignons’’ implique évidemment un retour, souligné par le DG Benoit Vaz : «…un retour attendu en termes de comportement et d’implication totale dans le projet sportif de Christophe ! ».
C’est ainsi qu’entre le droit à la paresse de Sandrine Rousseau et la valeur travail prônée par Christophe Urios, le choix s’impose à tous et à chacun pour tirer dans le même sens et que brille un nouveau soleil d’Austerlitz sur la pelouse du Michelin.

La famille Udarpilleta / Photo Y.M.
La famille Udarpilleta / Photo Y.M.

À propos de l'auteur

Yves Meunier

Bourbonnais originaire de Gannat où il s’est essayé au rugby sous le maillot de l’ASG pendant une douzaine d’années. Diplômé d’Etudes Supérieures en Sciences Economiques à l’Université de Clermont. Journaliste à France3 Région de 1972 à 2007. Aujourd’hui impliqué avec des amis dans une aventure viticole du côté de Saint-Emilion et toujours en prise avec le sport auvergnat au sein de l’Union des Journalistes de Sports en France.

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