Organiser un événement ne s’improvise pas et en cette période de crise sanitaire et de restrictions en tous genres, l’exercice se révèle un casse-tête. Placée devant l’incertitude sanitaire, et désireuse de maintenir sa manifestation coute que coute, l’équipe du festival « Vidéoformes » a ainsi planché, durant plusieurs semaines, sur trois scénarios et autant de formats possibles pour son rendez-vous annuel et international. La plus optimiste, celle d’un festival « normal », avec les rencontres physiques, le foisonnement d’événements et d’expositions, semblait un peu illusoire. « Nous avions anticipé sur deux autres cas de figure » souligne Antoine Au Job, le responsable de la communication. « Le format hybride aurait permis de maintenir certaines rencontres en les adaptant aux règlements en vigueur, tels la distanciation et les jauges limitées, le reste étant diffusé sur Internet et les réseaux sociaux. » Malheureusement, à l’image du récent Festival international du court-métrage, il faudra finalement se contenter d’une version totalement en ligne.
Des regrets, sans aucun doute. Une absence, incontestablement, celle des rencontres physiques, des échanges autour des œuvres, et parfois d’un verre. Mais l’enthousiasme demeure intact pour les organisateurs. « Si le voyage est pour la première fois virtuel…, nous nous engageons avec des artistes tout autant motivés, nous serons là pour échanger des parts de rêves, des réflexions sur notre état, notre environnement, nos relations à l’autre et au monde, pour redonner à notre quotidien cette part d’humanité si profonde » affirment-ils. Un voyage donc à entreprendre dans le sillage d’une manifestation qui, naturellement, invite à l’évasion et à la poésie.
Compétition et performances
L’édition 2021 s’adaptera donc aux contraintes du temps. Elle n’en demeurera pas moins foisonnante, entre le 18 et le 21 mars. Autour de performances audiovisuelles, des traditionnelles rencontres professionnelles et, bien-sûr, de la compétition internationale avec ses projections. En ce qui concerne cette dernière, 985 films provenant de 65 pays ont été reçus par l’équipe d’organisation. 26 d’entre eux ont été finalement sélectionnés qui représentent huit programmes vidéo.
Deux performances, diffusées en live streaming, viendront enrichir la manifestation… Le travail du musicien électronique Alex Augier se concentre sur l’esthétique numérique dans une perspective musicale et transversale. Les éléments sonores et visuels interagissent avec l’espace. P(o)st, performance diffusée le 19 mars à 21h, évoque les techniques de sampling et de looping, place le public dans un écran cylindrique et transparent dans lequel l’artiste interprète le support audiovisuel. Quant à NSDOS, alias Kirikoo Des, il cherche à créer des sons pour poser ses mouvements. Il lui faut, dès lors, imaginer un nouvel ordre sonore. Dans Sending Movement 2.0 (diffusion samedi 20 mars à 21h), le « hacker de la techno », désaxe les outils technologiques et tisse des liens entre la matière et la musique.
Comme à son habitude, Vidéoformes sortira de son propre cadre, en temps et en espace, et essaimera son lot d’expositions, implantés dans différents lieux de la ville et de la métropole. Véritable extension du festival, les expositions se dérouleront jusqu’au 4 avril. Nous y reviendrons…
Un festival qui touche à tout
A son habitude, le festival clermontois, créé en 1986, va observer, montrer, questionner et s’évader, constituant une fenêtre sur un monde où le flux de données technologiques ne cesse de s’accélérer.« Notre motivation, c’est d’observer les formes potentielles, pertinentes de l’art contemporain. C’est ce qu’on s’efforce de réaliser chaque année » explique Gabriel Soucheyre, le fondateur et directeur de l’événement. Il rappelle aussi que Vidéoformes se place au centre de l’échiquier culturel « car il touche à tout, au spectacle vivant, aux arts plastiques, à la musique… » Un grand bouillonnement artistique sans frontière et dans l’air du temps.
Festival Vidéoformes du 18 au 21 mars; expositions du 18 mars au 4 avril. Programme détaillé sur videoformes.com
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