Aux vertiges de l’amour, qui se manifestent depuis la nuit des temps, pourraient faire écho aujourd’hui les « vestiges de l’amour ». Non que le sentiment fasse figure d’espèce en voie de disparition, il est toujours là exaltant, violent, menaçant, enivrant, lancinant, mystérieux et troublant… Comme un phénomène naturel, oscillant entre l’instinct et la psychologie, l’alchimie et le hasard. Une vraie mine pour la création artistique, une rente pour le commerce, que ne ferait-on pour séduire et emporter l’autre vers le sentiment amoureux ? On peut même estimer que ce dernier n’est pas le propre de l’homme, il n’est qu’à observer nombre d’espèces animales se faisant la cour avec énergie ou subtilité, puissance ou grâce. Les vertiges de l’amour, entonnés par Bashung, de sa voix rauque et lunaire, construisent l’existence et la détruisent, ils lui donnent un sens et l’abîment, la stimulent ou la fracassent. Ils la subliment sans aucun doute et, parfois, l’anéantissent…
Qui vont et viennent
Si le sentiment demeure, envers et contre tout, l’époque a toutefois inventé un nouveau cadre aux histoires d’amour. Là où elles se devaient jadis d’être- tout au moins en apparence- solides, durables et scellées par un contrat « en béton », elles sont aujourd’hui, pour la plupart, fragiles, instables, précaires, futiles, illusoires. Et en danger permanent… La notion de couple, elle-même, n’a plus tout à fait la même signification. Sa validité ne vaut jamais que pour l’instant présent… et les enfants qui en résultent ne constituent désormais plus une garantie d’avenir. Simplement, une charge qu’il faudra assumer ensemble…ou séparément. Dès lors, les histoires vont et viennent, filent et se défilent, à l’image même d’une société où l’on consomme et où l’on se débarrasse. Elles naissent dans l’effervescence, s’évanouissent dans l’indifférence ou l’amertume. S’interrompent et se succèdent. Notre époque est bien celle des amours éphémères qui essaiment nos existences.
Et oui, les temps ont bien changé et la cohérence des relations ne tient pas à bien grand chose. Il n’y a qu’à voir les terrasses de cafés et salles de restaurants pour s’apercevoir qu’au-delà du doudou que consitue le smartphone, les relations ne sont plus priviégiées. Mais comment pourrait-il en être autrement ? Tout est devenu si superficiel…
Sur l’aspect procréation, la plupart des adultes se lancent un peu dans l’inconnu dans un moment d’extase et de passion. En aucun cas, une réflexion sur les responsabilités à venir ont été mûrement réfléchies – n’importe quel personne sensée ne penserait mettre au monde une progéniture dans un contexte aussi uncertain que celui proposé actuellement, non ?
Vous êtes bien négatifs messieurs. Si il est vrai que je suis « vieille », j’ai connu mon mari en 1986, j’avais 26 ans et nous ne nous sommes jamais quitté. Lorsque notre fils est venu au monde, nous avons réfléchi aux valeurs que nous souhaitions lui transmettre, l’éducation que nous avions envie de lui donner, le travail que nous aurions à réaliser pour l’ouvrir au monde. Aujourd’hui, il fait parti de ces jeunes qui réfléchissent. Il échange beaucoup avec ses amis pour réfléchir à l’avenir de la planète, de la société, des relations humaines. Car il n’a pas envie de mettre au monde un enfant et a conscience que ce n’est pas normal. Mais le monde n’est plus assez beau…
Ses copains pensent et réfléchissent comme lui. Ils ont conscience que l’avenir passe par eux. Ils ne veulent pas que cet avenir soit noir. Et même si ils sont pessimistes, ils gardent l’envie, la volonté, l’espoir.
Il n’y a pas que des gens superficiels, individualistes voir irresponsables. Vous devriez garder espoir.
Bonjour Bagros,
Nous sommes de la même classe, donc je vous rassure vous n’êtes pas vieille.
Je ne sais pas si le Rédacteur en chef et moi sommes pessimistes – lucides peut-être…
En tout cas, il est rassurant que votre couple ait tenu, que vous ayez pu transmettre certaines valeurs à votre fils et que lui-même soit conscient de ce que le monde d’aujourd’hui a à proposer aux générations de demain.
Ce qui est surtout désolant, ce ne sont pas les changements, mais le manque de repères que le monde endure.