En France, 80% des femmes ont peur de rentrer seules chez elles le soir*. 48 % d’entre-elles adaptent leur tenue vestimentaire pour emprunter les transports en commun**. 63% des femmes ont déjà été sifflées dans la rue***. Ces statistiques pour le moins éloquentes reflètent une triste réalité de terrain que l’on pourrait penser d’une autre époque mais qui restent pourtant d’actualité en 2023.  Face à ces réels fléaux que sont le harcèlement de rue, le sexisme ordinaire et les inégalités de genre que subissent les femmes dans l’espace public, la Métropole clermontoise lance en ce mois de novembre, une campagne de communication destinée lancer l’alerte sur ces phénomènes et à s’engager en faveur d’une société plus juste et égalitaire en portant un projet européen, le FEMACT-cities.

L’espace public n’est pas partagé de manière équitable entre les sexes

L’égalité entre les femmes et les hommes a beau être inscrite dans la loi, dans les faits, le constat est sans appel : elle n’est pas toujours respectée, elle est même parfois ignorée. Le sexisme est constaté dès le plus jeune âge à l’école, puis dans les entreprises, les clubs de sports mais aussi dans les transports en commun et la rue. L’espace public n’est donc pas partagé de manière équitable et les études sociologiques montrent que les femmes ont tendance à l’utiliser de manière utilitaire et temporaire quand les hommes y stationnent plus longuement et le transforme en lieu de socialisation ou de loisir. Dans cet environnement le sexisme ordinaire arrive à s’immiscer, passant la plupart du temps inaperçu mais devenant un véritable fardeau quotidien pour les femmes.

Une campagne de sensibilisation en novembre

Afin d’attirer l’attention sur la banalisation Clermont Auvergne Métropole lance une campagne de sensibilisation pour rappeler « que l’espace public est un bien commun, ouvert à toutes et tous et qu’il se doit d’être mixte, égalitaire, inclusif et bienveillant ». La campagne qui s’affichera dans les rues de la métropole et dans les médias locaux, tout au long du mois de novembre, se décline en 4 visuels, mettant en scène le quotidien des femmes dans les transports en commun, à la terrasse d’un café, ou bien encore dans la rue. Le slogan « Libre et sereine dans ma ville » côtoie un avertissement rappelant que l’outrage sexiste est passible de 1 500 euros d’amende.

La métropole clermontoise, cheffe de file du projet FEMACT-Cities

L’égalité femmes-homme est un enjeu fort pour Clermont Auvergne Métropole, et l’un des axes prioritaires de la Commission Européenne, qui propose des dispositifs d’accompagnement aux États membres mais aussi aux institutions qui souhaitent travailler localement sur cet thème.
Dans le cadre du 4e programme européen URBACT****, la Métropole clermontoise a souhaité porter auprès de la Commission Européenne, le projet FEMACT-Cities, dont elle devenue cheffe de file. Un réseau de 8 villes ou territoires s’est constitué dans le sillage de Clermont Auvergne Métropole avec Szabolcs 05 en Hongrie, Postojna en Slovénie, Cracovie en Pologne, Cluj Métropole en Roumanie, la communauté intercommunale de la région de Coimbra au Portugal, le Comté de Skäne en Suède et Turin en Italie. Durant 2 ans et demi, ces collectivités vont collaborer à la mise en place de politiques publiques en faveur des femmes, notamment en matière d’éducation, d’émancipation et d’autonomie économique. Le projet vise à lutter contre les inégalités et les stéréotypes
de genre qui figent encore aujourd’hui la société

Le 25 Gisèle-Halimi, un nouveau lieu d’accueil

Le 25 novembre prochain, la Ville de Clermont et ses partenaires vont inaugurer une nouvelle structure d’accueil pour les femmes : le 25 Gisèle-Halimi. Ce sera  un « lieu innovant de répit et de ressources, dédié à l’accompagnement de toutes les femmes, pour répondre à leurs besoins, garantir l’accès à la santé, promouvoir l’égalité, lutter contre les violences sexistes, et favoriser l’autonomisation ». Le choix du nom Gisèle-Halimi ne doit évidemment rien au hasard et se veut très symbolique. Cette avocate, militante et combattante féministe s’est illustrée avec le Manifeste des 343 qui a ouvert la trace à la Loi Veil mais aussi avec l’affaire Tonglet-Castellano qui permettra en 1978 de faire reconnaître le viol non plus comme un délit mais comme un crime.

Sur le  même sujet : My Girl’s Street, Une association contre le harcèlement de rue à Clermont

* Rapport du Haut Conseil à l’égalité entre les hommes et les femmes sur l’état des lieux de sexisme en France (2023).
** Etude de la Fédération nationale des associations d’usagers des transports (2016)
***  Étude Yougov (2022).
**** URBACT* est un programme de coopération qui permet aux collectivités européennes de se constituer en réseaux transnationaux autour d’une problématique partagée pour échanger et concevoir ensemble une réponse collective à des défis communs.