Le journaliste est un homme comme un autre. Faillible, fragile, malade, anxieux, indécis, perplexe, lunatique, caractériel et parfois misanthrope. Il boit de la bière, regarde les sports à la télé, se révèle jaloux de sa femme, court les filles et promène son chien. Le journaliste n’a ni la science infuse, ni la recette de la vérité. Il lui arrive de se tromper, de faire des erreurs et même des fautes d’orthographe. Comme tout autre, il est vulnérable et versatile, capricieux et lunatique, bourré de complexes et assailli par les doutes. Et le fait d’être parfois, souvent désormais, un individu féminin ne lui garantit pas d’être pourvu de toutes les qualités, ni de tous les charmes.
Se fondre et garder ses distances
Ayant exercé la fonction de président du Club de la Presse et travaillé au sein de plusieurs rédactions, j’ ai côtoyé toutes sortes de professionnels. Dotés de qualités et de défauts. De belles plumes et d’autres beaucoup moins habiles avec la langue françaises. Des timides qui avaient quelques difficultés à aller vers leurs prochains, ce qui peut paraître paradoxal dans notre profession, et certains qui se fondaient, comme des poissons dans l’eau, dans les environnements successifs. Une facilité dont il convient de se méfier. Car il est hautement conseillé de garder ses distances pour conserver au mieux sa liberté d’esprit.
Certains écrivaient rapidement, naturellement, d’autres, laborieux, rendaient toujours leur « copie » à la limite du bouclage… Toutes sortes de profils, toutes sortes de caractères. Et toutes sortes d’itinéraires, formés sur le tas ou venant d’écoles de journalismes, ayant bourlingué de rédactions en rédactions ou connaissant un parcours des plus linéaires. J’ai connu des complaisants, des arrivistes, des intrigants, des médiocres et aussi des rigoureux, des passionnés, des acharnés.
Les fondamentaux
Le journaliste est un homme ordinaire. Pour autant, le métier qu’il exerce n’est pas tout à fait comme les autres et il doit en avoir conscience, en mesurer pleinement la responsabilité et cultiver, au quotidien, en permanence, ce devoir d’exigence. Car l’information n’est jamais neutre, ou anecdotique, elle agit, pèse, met en cause et en exergue, souligne, participe de la vie collective, de l’éducation. Dès lors, le journaliste est doté d’un pouvoir qu’il doit en quelque sorte mérité. D’autant plus dans cette société de l’hyper communication, livrée au grand bazar de l’Internet et agitée par les réseaux sociaux, traversée en permanence par le tout et le n’importe quoi. Chamboulé lui-même par ce chari-vari, le journaliste doit se remettre en cause sans jamais perdre de vue les grands fondamentaux de son métier : l’éthique, l’objectivité, la vérification, la conscience, la lucidité, la capacité d’analyse, le sens critique, la résistance aux pressions, l’indépendance d’esprit. Il en va de l’existence-même de cette profession, ô combien chahutée par l’air du temps.
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