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Marc François.
Photo Fanny Reynaud.
Edito

Mourir dans la dignité : ce sujet essentiel qui embarrasse

Tandis que des Français traversent les frontières pour échapper à une trop longue agonie, notre pays a visiblement du mal à avancer sur la question de la fin de vie.

Débat fondamental que celui sur la fin de vie et le droit à mourir dans la dignité. Débat fondamental et éminemment moderne, qui dépasse les clivages politiques et réunit les générations. Car, Covid-19 ou non, nous sommes tous réunis dans la même destinée, même si notre époque semble parfois soucieuse de l’ignorer.

La question en effet semble embarrassée les politiques comme si elle s’avérait gênante, comme si la mort était définitivement tabou. Elle concerne pourtant l’ensemble des familles, qui devront probablement y faire face à un moment ou un autre. Et elle taraude les individus ignorant des circonstances dans lesquelles ils devront quitter ce monde. S’il est possible d’échapper à une lente agonie, alors pourquoi refuser l’idée de choisir le moment de son départ ?

Se boucher les yeux et attendre

Les Français se déclarent très majoritairement favorables à l’instauration d’une nouvelle loi, incluant l’euthanasie active, comme en témoignent de récents sondages qui culminent à 96%. Dans le même temps, de nombreux pays européens se révèlent très en avance sur le sujet : Pays-Bas, Belgique, Suisse, Luxembourg . « Notre » sénat, pour sa part, vient de repousser une proposition de loi de la socialiste Marie-Pierre de La Gontrie, visant à répondre aux insuffisances manifestes de la loi Claeys-Leonetti qui autorise le droit à « une sédation profonde et continue. » Pourtant, dès 2018, 150 députés, provenant d’horizons divers, avaient appelé à « sortir de l’hypocrisie qui prive certains d’une aide souhaitée et qui impose à tous une agonie pénible ».

Une évolution inévitable

Aujourd’hui, la loi Léonetti a prouvé ses limites. Et des Français continuent à franchir les frontières pour avoir le droit de mourir dans la dignité. A l’image de l’ex secrétaire d’Etat Paulette Guinchard-Kunstler qui, récemment, a choisi le suicide assisté en Suisse, avec la bénédiction de sa famille, pour mettre fin à ses tourments. Dans le même temps, des milliers d’autres sont condamnés à mourir dans des souffrances épouvantables ou une solitude profonde dans ce pays où 26 départements ne comptent même pas une seule unité de soins palliatifs.

Les freins à une évolution restent nombreux : ils sont politiques, philosophiques, religieux, bien entendu, et proviennent également d’un milieu médical éduqué à maintenir la vie à tout prix plutôt qu’à conduire vers la mort. Mais le débat rebondira nécessairement dans les mois ou les années qui viennent. Il sera trop tard, hélas, pour certains d’entre nous…

À propos de l'auteur

Marc François

A débuté le métier de journaliste parallèlement sur une radio libre et en presse écrite dans les années 80. Correspondant de plusieurs médias nationaux, rédacteur en chef de l’hebdomadaire Info Magazine (Clermont, Limoges, Allier) pendant 9 ans, il a présidé le Club de la Presse Clermont-Auvergne entre 2009 et 2013. Il est l’initiateur de 7 Jours à Clermont.

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