Le printemps, manifestement, n’incite guère au travail. Tout au contraire, il exhale un air qui pousse à la badinerie, à la légèreté, aux escapades bucoliques, aux longues stations paresseuses en terrasse des cafés. Il éveille les envies, titille les désirs, procure des sensations peu propices au labeur et à la besogne. Il frémit, frétille, est frivole. Chaque année, versatile, il se fait attendre au point de n’être parfois qu’une illusion.
Ouvrir les fenêtres
Le printemps, fragile comme une fleur, éphémère comme la jeunesse, est aussi le révélateur de nos aspirations naturelles. Etre dehors, respirer, profiter de cette vie qui passe inlassablement et nous échappe, nous file entre les doigts, regarder les filles au détour d’une rue, ouvrir les fenêtres, redevenir un être physique et pas seulement un individu social, un numéro de matricule ou un contribuable assailli par les démarches administratives, modelé par les codes, les procédures, façonné par les conventions, les usages, les stéréotypes, aspiré par un quotidien tumultueux et trop ordinaire.
Triptyque
Avril est délicat, frais et insaisissable, un peu fripon ; il frissonne ou se déshabille timidement, suivant ses humeurs capricieuses. Mai est adolescent, effervescent, de tempérament joyeux. Joli mois de mai, avec ses ponts ou ses passerelles, au gré du calendrier, que l’on aimerait s’étirer à n’en plus finir. Et puis juin, et ses très longues soirées, le plus lumineux, le plus beau, peut-être, mais déjà le dernier. L’automne du printemps, d’où l’ombre timide d’une imperceptible mélancolie.
A peine un flirt
Bien-sûr, au-delà viendra l’été que l’on ne peut tout à fait réprouver, ni révoquer puisqu’il est synonyme, pour le plus grand nombre, de vacances, de départ, de bord de mer, de villégiature, d’ailleurs. « Sur la plage ensoleillée, coquillages et crustacés »… Mais l’été n’a pas la subtilité du printemps. Il n’en a ni le charme juvénile, ni les nuances efféminées et envoûtantes. Pas même les couleurs contrastées et sensuelles, les parfums capiteux et insaisissables. L’été appelle à la torpeur, quand le printemps suscite l’émoi. Et si le printemps est un flirt, l’été transpire une relation déjà éprouvée qui s’en va, imperceptiblement, vers l’hiver…
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