La plupart des municipalités commencent à prendre conscience que les entrées de villes bien souvent défigurées par le désolant spectacle des zones d’activités et des zones commerciales sont pourtant des éléments essentiels pour l’accueil et l’attractivité. Dans ce domaine la ville de Riom se montre très volontaire et a lancé un vaste programme d’aménagement de son entrée sud. Dans son bulletin municipal, elle évoque « une entrée digne de ce nom et non une autoroute urbaine ouverte à tous les ronflements moteurs et gaz d’échappement ». Après la transformation de la voirie avec végétalisation et espaces partagés pour tous les usagers et pas seulement les automobilistes, les élus ont souhaité apporter une touche artistique. Dans la continuité de la sculpture réalisée en 1986 par Guy de Rougemont (qui doit faire prochainement l’objet d’une campagne de restauration) ils ont proposé de faire disparaitre l’aspect triste et vilain du pont SNCF en béton qui enjambe la RD 2029, par le biais d’une œuvre qui se révèle comme étant la plus grande œuvre de street-art de la région, issue d’une commande publique.
Rino et les Riomois
C’est l’artiste-graffeur Rino, connu pour son œuvre « Sainte Manu » sur les murs intérieurs de l’ancienne Manufacture des tabacs qui a été choisi pour réaliser le travail, la municipalité lui offrant ainsi l’occasion de « décloisonner » son art et de sortir de l’underground. Deux « maquettes » de l’artiste ont été soumises au vote des Riomois, l’une avec des lignes tendues et des couleurs façon Piet Mondrian, l’autre avec de la dentelle calligraphique très contemporaine, plébiscitée et en cours de réalisation. Rino a fait appel à deux collègues graffeurs membres, eux aussi, de l’association Street X Pression, Cofee et Topaz, pour lui prêter main forte. Après un grand coup de nettoyage et un recouvrement total par de la peinture noire pour faire le fond, le nouveau visage du pont est apparu, peu à peu, depuis quelques semaines, la fin du chantier étant programmée aux alentours du 4 septembre. Au total la réalisation aura nécessité 31 jours et quelques nuits non-stop de travail, 350 litres de peinture et une centaine de sprays, pour offrir 35 styles différents découlant du tag et du graffiti. Cofee et Topas se sont, quant à eux, emparés du pignon aveugle de l’Ecole Jean-Moulin qui donne sur le même axe et sur lequel figure désormais un gros « Riom » plein de couleur, dont le projet à lui aussi été soumis au vote des habitants.
L’association Street X Pression
Crée en mars 2021 par Rino (créateur du Street Art City de Lurcy-Lévis, membre de Supreme Legacy) et Amélie Compère directrice de la salle de spectacle riomoise La Puce à l’oreille, l’association Street X Pression s’est donné comme mission l’aide à la création, à l’expérimentation, à la diffusion et à la reconnaissance du street-art et des cultures urbaines associées. Le projet de l’association, unique en France, vise à revaloriser le patrimoine architectural, agricole, thermal (elle est basée à Châtel-Guyon) et artistique. Les trois artistes qui travaillent sur le pont composent un collectif au sein de l’association. Après l’œuvre, hélas éphémère, à la Manufacture des tabacs dont il restera, malgré tout, des traces numériques et papier, Rino qui va devoir quitter le lieu qui va être réhabilité, prépare un projet dans les Thermes Henry de Châtel-Guyon aujourd’hui inusités et qui pourraient devenir un lieu d’accueil et de création pour artistes.
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