On dit les Français grands amateurs de politique, malgré les faibles scores de participation aux différents scrutins. Mais de quelle politique parle-ton ? De celle qui se joue dans les tribunes, sur les plateaux télévisés ou lors des débats enflammés ? Ou bien celle qui se pratique dans les couloirs, les antichambres, les bureaux fermés, à coups de compromis, de concessions et de petits arrangements ?
Bras de fer
En réalité, les Français en pincent pour les joutes politiques, le combat, les bons mots, les idées lancées parfois à la sauvette et sur lesquels le débat rebondit. Ils apprécient les bras de fer, les affrontements, la bagarre, les personnalités fortes, la dramaturgie électorale, les apparences. Ils aiment porter au pinacle et descendre en flamme, sacrer un roi et lui couper la tête.
Dimension humaine
La conquête du pouvoir les passionne. Celle qui nécessite des coups de gueule, des coups bas, des coups tordus, des coups de Trafalgar… Celle qui recèle des alliances et des trahisons, des vengeances et des come-back, des « amitiés de trente ans » transformées en haine farouche, en duel sanglant, qui théâtralise les ambitions tenaces , les egos démesurés, les orgueils déplacés, les rêves illimités, les ascensions et les chutes. Ils ont un goût immodéré pour les retournements de situation, les scandales à répétition, les frasques et les prises de position. En réalité, ils prennent plaisir devant le spectacle de la politique, haut en couleurs, fort en gueule, musclé et agité, incertain et impitoyable. Mais, quand le rideau tombe, ils s’ennuient fermement devant l’exercice du pouvoir qui leur paraît à la fois austère, illisible, lent, fastidieux, hermétique, selon une mécanique qui leur échappe en dépit des illusions démocratiques. Les Français se délectent des confrontations politiciennes, même lorsqu’ils ne votent pas, mais ils n’ont guère d’affinités avec les arcanes du pouvoir.
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