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Marc François.
Photo Fanny Reynaud.
Edito

Points d’interrogations

Chacun vit l'actuelle phase comme il le peut, avec les moyens du bord. Et devant une situation qui s'éternise, les questions, nécessairement, se multiplient...

Ça va durer encore. Un peu, pas mal, longtemps. Ça va durer, assurément. Le Président de la République, ce soir, va confirmer l’état de confinement et couper l’herbe sous le pied à ceux qui rêvaient d’une prochaine levée des mesures les plus restrictives. Ce ne sera pas pour demain…

Que faut-il faire, dès lors, en cette période inédite où le monde moderne semble s’être figé ? Se retourner sur le chemin parcouru et apercevoir, de façon diffuse, les années derrière soi ? Ou, au contraire, se projeter vers l’avenir, incertain, l’après-crise, lorsque les portes, de nouveau, s’ouvriront ? Se replier sur soi-même ? Ou tendre les bras vers les autres qu’il est interdit de saisir ? Ces autres, dont on ne cesse de nous dire qu’ils portent le danger.

Convient-il, depuis son balcon, à huit heures du soir, d’applaudir ceux qui, depuis un mois, œuvrent au quotidien ? Ou plutôt d’encourager ceux qui souffrent, seuls, délaissés, silencieux, ceux à qui l’on ne donne jamais la parole ? Au fond, quelles sont les vraies victimes de cet épisode ?

République de médecins

Faut-il courir dans les rues, joggers respirant allègrement l’air subitement moins vicié de nos villes ? Ou bien rester chez soi à guetter le coup de téléphone qui viendra rompre la monotonie de trop longues journées ? Prendre l’air pour ne pas étouffer ou bien, au contraire, se barricader ? Comme coupé du monde.

Faut-il travailler coûte que coûte et soutenir l’effort national convoqué par le gouvernement, quitte à s’exonérer de règles fixées par les mêmes instances et prendre le risque d’être sanctionné pour défaut d’attestation ? Et encore, est-il vraiment indispensable de porter un masque, comme les poilus dans les tranchées nauséabondes de la « Grande Guerre » ? Et bientôt, peut-être, d’endosser une tenue de cosmonaute pour se protéger de tous les virus de la terre ? Jusqu’où aller ? Jusqu’où ne pas aller ?

Les questions, bien-sûr pourraient se multiplier à l’infini et certaines ne manqueront pas d’être posées lorsque le chapitre, enfin, se refermera. Elles seront aussi d’ordre politique et démocratique. Qu’en est-il, par exemple, de ce conseil scientifique qui, aujourd’hui, nous gouverne ? Comment ont été choisis les membres de cette république de médecins devenus intouchables et incontestables ?

A part

Le confinement, qui nous est imposé, est un temps à part, un chapitre singulier et liberticide dont on ne sait trop quand et comment il se refermera. Il vient rompre brutalement nos vies de citadins réglées, paramétrées, chronométrées, millimétrées, interrompant nos habitudes éprouvées, nos rendez-vous réguliers, nos évasions nécessaires. Effaçant toute notion de jours et d’heures, de week-ends, de lendemains. Un telle séquence réclame patience, capacité de relativiser mais aussi esprit critique. Chacun, derrière ses fenêtres, la vit à sa façon. Si la solidarité se révèle nécessaire, le virus nous ramène d’abord à nos solitudes.

À propos de l'auteur

Marc François

A débuté le métier de journaliste parallèlement sur une radio libre et en presse écrite dans les années 80. Correspondant de plusieurs médias nationaux, rédacteur en chef de l’hebdomadaire Info Magazine (Clermont, Limoges, Allier) pendant 9 ans, il a présidé le Club de la Presse Clermont-Auvergne entre 2009 et 2013. Il est l’initiateur de 7 Jours à Clermont.

1 Commentaire

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  • Bonjour Marc François,

    Comme d’habitude votre synthèse est pragmatique.

    J’ajouterais ceci :

    Hélas un confinement qui va s’étendre sur probablement 7 semaines et qui vraisemblablement générer des dégâts collatéraux énormes, peut-être supérieurs au nombre de décès attribués au Covid, chiffres communiqués sans l’analyse détaillée des différents facteurs aggravants de morbidité.
    Le dictat de certains cols blancs, entre autres ceux qui composent ce comité scientifique, et l’absence d’informations plus « fouillées » par la plupart des médias.
    Bref, dans l’instant nous devons subir ce dictat, à moins d’avoir la « facilité » d’être fortuné (et encore) ou d’être invisible (difficile), et ce pour notre bien et le bien d’autrui, soi disant.
    La pensée unique prévaut, le journalisme d’investigation semble totalement absent.
    Des pays ont fait autrement, comment, pourquoi ?

    Un lien vers une page de l’Insee.fr avec un comparatif décès 2020-2019-2018, ce comparatif permettrait-il ensuite d’étendre les mesures actuelles à la grippe par exemple… ? sic (mais certains rétorqueront que ce n’est pas comparable, bla bla bla).

    Voici le lien : https://www.insee.fr/fr/information/4470857

    (Certes ce sont uniquement des chiffres, mais ils sont factuels et détaillés)

    A votre santé, et en mai fais ce qu’il te plait ?

    Alain Pons

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