La pose de la première pierre du PIC, Pôle Innovant Collaboratif, vient d’avoir lieu symboliquement sur le site historique clermontois de Cataroux. Le groupe Michelin a lancé la requalification de 42 hectares qui vont permettre d’offrir une seconde vie aux usines. Suivant les courants entrepreneuriaux actuels, l’entreprise clermontoise modernise ses anciens sites et s’ouvre davantage au public, local comme international.
Ainsi, le PIC sera un des 4 pôles du Parc Cataroux, avec la Manufactures des talents, le Centre des matériaux durables et le Quartier des pistes. Des acteurs majeurs du territoire se sont réunis pour créer la Foncière le Pic* en 2023, et l’ouverture du pôle est prévue pour le mois de décembre 2025.
Le groupe Michelin mise gros en proposant six services différents : co-living, co-working, food court, espace bien-être, espace scénique et espaces de réunion. Florent Ménégaux, le président de Michelin était présent en personne, pour présenter le PIC, un des éléments du projet du parc Cataroux un proket unique au monde. Tristan Colombet qui officie déjà pour le compte de Turing 22 aura en charge la direction du PIC.
« Être présent dans un écosystème innovant aide à la créativité »
Quel a été le constat qui a entraîné le lancement du Pic ?
Florent Ménégaux : Le pôle d’innovation collaboratif est né d’une idée de revitaliser en emplois le centre-ville et aussi de fédérer sur un même lieu des tas d’initiatives locales que j’avais remarqué sur le territoire, dans la métropole et dans la région. Elles étaient en fait assez dispersées géographiquement. Il y a tout un intérêt pour innover d’être ensemble, même si vous n’êtes pas tous dans le même secteur d’activité, le fait d’être à côté, d’être présent dans un écosystème innovant aide à la créativité.
Vous avez parlé d’un espace « unique au monde » ?
F.M : Ce qui sera unique au monde, c’est la réunion de tous ces pôles dans un même lieu physique. Dans ce lieu, il y aura un pôle culturel, un pôle d’emploi de différentes natures, un pôle de formation – de bac -3 jusqu’à bac +7 – de tous types de métiers – industriels, techniques, ingénierie, administration. Nous parlions tout à l’heure de l’intelligence artificielle, il y aura un gros pôle sur l’intelligence artificielle dont une partie sur la formation. Des pôles sur la formation, la culture, la santé, le travail et le bien-être sur un même lieu ça n’existe pas.
« Le premier pôle d’innovation de Michelin dans le monde »
Est-ce l’avenir des grands sites industriels ?
F.M : L’idée de départ était de redonner une vie à cette ancienne usine de Michelin qui a été extrêmement importante pour le développement de la ville. Il y a eu jusqu’à 4000 collaborateurs sur ce site. C’était le premier pôle d’innovation de Michelin dans le monde, c’est d’ici qu’est parti le pneu radial et beaucoup d’innovations qui ont irrigué le monde entier. L’idée était de redonner à ce site une vocation pour le prochain siècle. Il y a beaucoup moins d’activité pneumatique ici, aujourd’hui. Nous fabriquons les pneus dans d’autres endroits dans le monde. Il y a énormément d’autres choses que ce site peut offrir. C’est ce que nous créons avec la manufacture des talents, le PIC, le centre des matériaux durables et le quartier des pistes avec le pôle culturel et santé.
Aucun représentant de la ville n’était présent ce matin. Avez-vous des bonnes relations avec eux ?
F.M : Nous avons d’excellentes relations avec la ville et la métropole. Je pense que leurs agendas ne leur permettaient pas d’être présents. Ils sont bien sûr présents dans le projet, la métropole est très présente. Bien sûr, nous faisons ce projet en concertation avec la ville. Mon idée de départ est d’inscrire Michelin pas comme étant à l’intérieur d’un territoire dans une enceinte fermée mais comme étant en porosité avec son territoire. D’ailleurs le siège de Michelin, la Canopé, vient aussi de cette idée d’interpénétrer nos activités entre la sphère publique, de la cité au sens grec du terme avec les activités de Michelin.
« Un élan pour le prochain siècle »
Va-t-on bientôt en savoir plus concernant la reconversion du site Cataroux ?
F.M : Nous avons 42 hectares à reconvertir donc bien sûr cela ne se fait pas en deux minutes. Il faut le temps de reconcevoir. Justement, ce qui est très innovant dans ce projet est que ce n’est pas un projet de friche industrielle dans lequel on rase les bâtiments et où on reconstruit autre chose dessus. On recompose avec l’existant. Il y aura un peu de construction mais beaucoup de reconversion à l’image d’aujourd’hui avec la manufacture des talents dans laquelle nous sommes en ce moment. C’est un ancien atelier industriel dans lequel on fabriquait des pneus. En face, vous avez le hall 32, c’est un ancien atelier industriel dans lequel on fabriquait aussi des pneumatiques.
Dans le PIC, vous aurez un ancien bâtiment administratif qui servait à gérer l’usine et qui demain servira de salle de réunion pour toutes les entreprises et startups qui seront au PIC. Le redéploiement est beaucoup plus complexe mais en même temps beaucoup plus riche. Je crois beaucoup aux transformations qui ne sont pas des ruptures. Une transformation est un mouvement continu de l’être humain. Le monde passe son temps à s’adapter. Nous réadaptons ce site pour lui redonner un élan pour le prochain siècle.
« Un pôle international »
Pensez-vous qu’avec tous ces sites Clermont puisse devenir un centre dynamique au niveau mondial ?
F.M : C’est déjà un centre dynamique. Je suis frappé par Clermont-Ferrand : c’est un centre universitaire de premier plan, avec plus de 30 000 étudiants dans la ville. Grâce à Michelin c’est aussi une ville très internationale. Il y a peu de villes dans lesquelles on parle chinois, thaï, brésilien ou américain quand on va au café. C’est déjà un pôle international. Ce pôle se développera davantage dès qu’on aura résolu notre problème de connexion en train et en avion. Disons que l’on fait ce pari-là, le parc Cataroux va être un pôle qui a pour vocation d’attirer des personnes venant du monde entier.
*Crédit Agricole Centre-France (36%), Groupe Michelin (22%), Banque des Territoires (22%), Caisse d’Épargne Auvergne-Limousin (14%) et la CCI Clermont Auvergne Métropole (6%).
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