Le temps fait image
Elles sont six. Des jeunes femmes photographes montrent leur travail à l’Hôtel Fontfreyde. Intitulée Dommages et refuges, l’exposition qui les réunit entraîne le spectateur dans une réflexion sur les notions de mémoire et de lieux. Les artistes ont pu être confrontées à la violence et à la douleur mais semblent s’être passées le mot pour ne s’exprimer qu’avec une infinie douceur.
Laëtitcia Donval documente en noir et blanc huit villes portuaires reconstruites après 1945, et qui vivent aujourd’hui la mondialisation. Images intemporelles et mélancoliques de lieux neufs prématurément usés. Florence Joubert nous invite à visiter une maison ancienne abandonnée des hommes, mais où ils sont partout. C’est un travail personnel d’une photographe qui répond par ailleurs aux commande de l’industrie du luxe.
Visages et paysages
Plasticienne dans sa démarche, Anne-Sophie Eymard présente dans des caissons vidéos des associations d’images personnelles ou tirées de films. La juxtaposition de paysages et de figures humaines sème le trouble… Elle est coutumière du procédé par lequel elle espère « mettre à jour le fonctionnement de la pensée ». Rita Puig-Serra Costa, interroge sa mémoire. L’artiste espagnole travaille généralement pour la presse branchée. Elle produit ici, dans ce qui est un hommage à sa mère disparue, une biographie familiale en même temps qu’un « essai photographique méditatif ».
Connivence
Plus dramatique est le projet d’Emilie Arfeuil. « Un passé sous silence » retrace un aspect individuel des crimes commis par les Khmers Rouges. Via le procédé de la métaphore, elle livre un témoignage « en creux » à valeur universelle. Les images renvoient aussi au processus de création, et à l’évidente connivence du sujet et de la photographe.
Viktoria Wojciechowski a accompagné durant un an des soldats au front. Elle ramène d’Ukraine de la vidéo qui nous plonge dans le son de la guerre et des coups de feu. Elle met la séquence en regard de portraits graves des protagonistes de ces combats (photo). Les regards fiévreux, désemparés mais fiers, sont une arme inoffensive qui nous invite à regarder la guerre en face. Comme ses consoeurs, Viktoria parle d’une violence qui semble ne jamais la dominer.
Elle la montre d’autant mieux.
Jusqu’au 30 décembre 2017 à l’Hôtel Fontfreyde- Centre photographique, 34 rue des Gras à Clermont-Ferrand
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