Quand donc ai-je bu mon dernier demi à « La Cave à Bière », sur le comptoir en forme de fer à cheval ? Et combien de Clermontois aujourd’hui, se souviennent de ce lieu qui constituait une extension du « Rabelais », établissement-phare de la place de Jaude ? A la fois restaurant, brasserie, hôtel, « Le Rabelais » était un incontournable, prisé des Clermontois et des gens de passage. Alain Gomez, la patron aussi taciturne qu’attachant, n’est plus de ce monde et « Le Rabelais » s’est consumé lors d’un incendie criminel à la fin des années 90, alors qu’il n’en assurait plus la direction. Le restaurant « Le Richelieu » qui lui succéda (du nom de l’ancien café-PMU de l’avenue Julien) fut un feu de paille. On ne remplace pas au pied levé une telle institution.
En terrasse
L’évocation nous ramène vers les années 70 et 80. A quelques mètres seulement du « Rabelais », « Le Suffren » (à l’emplacement de l’actuel « Garden Ice ») représentait une alternative, un concurrent naturel. Dans un décor cosy et un cadre confortable, le café-brasserie avait aussi ses partisans, ses clients fidèles. Sa terrasse, à l’angle de Jaude et de l’avenue Julien, ensoleillée au matin, donnait envie de s’attarder à condition de ne pas trop craindre les gaz d’échappement. Longtemps le duo « Rabelais »-« Suffren » fit les beaux jours de la place à une époque où elle comptait aussi «Le Thorens » (Hôtel de Lyon), le «Faisan Doré » (déjà) ou « Le Brooklyn », côté rue Blatin ou avenue des Etats-Unis.
Dans une ville, les générations passent et même les enseignes les plus réputés, les plus solides finissent par disparaître. Exit ces lieux où se firent tant de rencontres, où se nouèrent tant de relations autour d’une rencontre ou sur le zinc… Pourtant il arrive (rarement) que le présent fasse un clin d’œil au passé.
Quand reviendra le printemps
Sur la place de Jaude , « Le Garden Ice » a fermé récemment ses portes pour opérer un sérieux lifting. Des travaux comme les commerces doivent en subir de temps en temps pour demeurer dans l’air du temps. A sa réouverture, prévue à la fin du mois de mars, l’établissement va aussi changer de nom, selon les vœux de son patron William Astorgue qui quitte ainsi le réseau national (neuf cafés-restaurants en France) pour voler de ses propres ailes. Au printemps, donc, les Clermontois retrouveront « Le Suffren », en hommage évident au passé. Une délicatesse qui n’est pas si courante dans le monde de la limonade.
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