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Marc François.
Photo Fanny Reynaud.
Edito

Maurice Leblanc et Gaston Leroux, à moins que ce ne soit le contraire

Arsène Lupin et Joseph Rouletabille auraient pu devenir des héros de bandes dessinées. Mais leurs créateurs ont vécu au moment où la littérature feuilletonnait dans les journaux populaires.

Ils ont tant de points communs qu’on les confond volontiers : le Normand Maurice Leblanc et le Parisien Gaston Leroux. Deux écrivains français qui ont vécu à cheval sur la fin du XIXe siècle et le début du XXe, deux auteurs qui ont donné naissance à deux héros populaires, deux aventuriers rocambolesques. L’un, élégant, cabotin, esthète et un peu filou, amateur d’art et de conquêtes féminines ; l’autre, téméraire, espiègle et un rien coquin. Arsène Lupin et Joseph Rouletabille, deux personnages littéraires… moins proches toutefois que Spirou et Tintin, leurs descendants éloignés.

La désinvolture et la méthode

Lupin est raffiné et contradictoire. Un peu anar, un peu aristo, bandit au grand cœur, gentleman, certes, mais cambrioleur, mi-détective, mi- rebelle, Robin des Bois raffiné et désinvolte au milieu des richesses, des palaces et des hôtels particuliers. Un illusionniste cultivant l’art du déguisement et le goût de la supercherie. Et « s’il détrousse une femme, il lui fait porter des fleurs » comme disait la chanson entonnée par Jacques Dutronc pour l’adaptation télévisuelle des années 70.
Au premier abord, Joseph Rouletabille se révèle moins séduisant. Tout jeune reporter chétif et imberbe, il est doté d’une intelligence déductive hors-norme. « En prenant la raison par le bon bout », il résout les énigmes les plus impénétrables. Courageux et d’humeur changeante, il n’hésite pas à voyager. Sans doute, en réalité, présente-t-il davantage de familiarité avec son cousin d’Outre-Manche, Sherlock Homes, qu’avec son compatriote et contemporain, le « dandy de grand chemin », Arsène Lupin.
Personnages hauts en couleurs et peu avares de leurs efforts, Lupin et Rouletabille ont d’abord enchanté les lecteurs des grands journaux de la Belle Epoque, « Le Journal », « Le Matin », « L’illustration » ou « Je sais tout », qui publiaient leurs aventures récurrentes sous la forme de feuilletons. Avant de devenir des figures incontournables de la littérature populaire. Au même moment sévissait le plus inquiétant Fantômas, imaginé par Pierre Souvestre et Marcel Allain.

A contre-courant

Si le public adolescent aime encore aujourd’hui redécouvrir leurs aventures, malgré des adaptations cinématographiques de piètre qualité, c’est peut-être parce qu’ils sont délibérément à contre-courant, à contre-temps dans une époque qui prohibe les comportements aventuriers et dénonce toutes formes de prises de risques. C’est aussi que les récits de Leblanc et Leroux exhalent un monde à jamais disparu, une France évanouie, celle des paysages et des grands espaces, celle des clochers, de l’aiguille creuse d’Etretat, une époque où les Zones Industrielles et les autoroutes n’existaient pas. Lupin et Rouletabille n’ont évidemment rien de contemporains mais, au fil des pages, la littérature permet encore de s’échapper…

À propos de l'auteur

Marc François

A débuté le métier de journaliste parallèlement sur une radio libre et en presse écrite dans les années 80. Correspondant de plusieurs médias nationaux, rédacteur en chef de l’hebdomadaire Info Magazine (Clermont, Limoges, Allier) pendant 9 ans, il a présidé le Club de la Presse Clermont-Auvergne entre 2009 et 2013. Il est l’initiateur de 7 Jours à Clermont.

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