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Louis Giscard d'Estaing- photo Sylvia Aubert.
Entretiens Politique

Louis Giscard d’Estaing: « Nous débuterons la préparation des prochaines municipales au mois de septembre »

Les dossiers strictement chamaliérois, les prochaines municipales, les relations avec la Métropole. Mais aussi la "grande" région, Emmanuel Macron, les Gilets jaunes et l'Europe: les sujets n'ont pas manqué lors de l'entretien que le maire de Chamalières et conseiller régional a accordé à 7 Jours à Clermont. Retrouvez cette interview dans sa version intégrale.

7 JOURS A CLERMONT: Si l’on vous dit que Chamalières est un quartier de Clermont, quelle est votre réaction?

LOUIS GISCARD D’ESTAING: Il est évident que nous faisons partie d’une agglomération. On ne peut pas tout à fait dissocier Chamalières de son environnement urbain. Mais je considère néanmoins qu’il existe une vraie différence: Chamalières, en effet, est une « ville-village ». Ville, avec ses 18.000 habitants, l’ensemble des services à disposition de sa population, ses commerces de proximité, un collège, deux lycées; village parce que les gens se connaissent, que les élus restent abordables et identifiés. Cette ville à taille humaine bénéficie aussi de sa proximité avec Clermont, tout en affirmant sa singularité. A Chamalières, nous avons aussi une approche pragmatique en terme de politique publique à partir de choix locaux, dans les domaines de la de gestion, de la fiscalité, des investissements.

« Il fallait tourner la page des parcovilles »

7JC: Que va-t-il se passer à Chamalières en 2019?

L.G.E: Un événement marquant sera la rénovation du Square de Verdun, un lieu emblématique de la ville. 45 places de stationnement en surface y seront créées dans un environnement arboré et qui pourra bien entendu accueillir notre marché. Le système des parkings souterrains, qui ont marqué les 30 dernières années sur ce lieu, s’est rapidement révélé inopérant. Il n’a jamais trouvé son équilibre économique. Au total, la ville aura du dépenser 15 millions d’euros pour ses parcovilles. Il fallait tourner la page. Ça n’est pas un retour vers le passé, en effet, la place sera dotée de deux bornes de recharge pour véhicules électriques, elle dispose déjà d’une station C.vélo. J’ajoute que de nouveaux arbres seront plantés. L’opération sera totalement achevée à la fin du mois de mai.

7JC: D’autres dossiers importants pour les prochains mois… 

L.G.E: Bien-sûr. Notamment celui du Stade Claude-Wolff dont la pelouse en synthétique va bénéficier d’une réfection après quatorze ans de service. Pour le Square de Verdun, comme pour le Stade Claude-Wolff, il s’agit d’opérations d’un coût de 500.000 euros.

7JC: Et à plus long terme?

L.G.E: Une question importante risque de se poser. Que deviendra l’ensemble actuel de la Banque de France si celle-ci venait à s’en séparer? On sait que la décision officielle sera annoncée à l’automne. Si donc la Banque de France quittait son emprise actuelle, c’est un espace de 4 hectares qui se libérerait. Un vaste projet d’aménagement devrait alors être conduit. Bien entendu, le dossier est important et nous sommes déjà en réflexion sur ce sujet en liaison avec Clermont Métropole .

« Avec Olivier Bianchi, nous n’envisageons pas de passer nos vacances ensemble.. »

7JC: La Métropole, justement, parlons-en. Quelles sont aujourd’hui vos rapports avec la structure intercommunale?    

Durant l’entretien- photo Sylvia Aubert..

L.G.E: Nous avons des relations de travail, c’est le propre des structures de coopération intercommunales. Et notre volonté est que les efforts de gestion et d’utilisation des fonds publics soient mis en oeuvre dans le cadre d’une stabilité fiscale qui était l’un de nos critères de participation à la gouvernance. L’idée est aussi que les services rendus soient au moins équivalents à ce qu’ils étaient auparavant dans le cadre d’une gestion municipale. Pour ce qui est de la voirie, nous disposions, jusque là, d’un service qui assurait parfaitement sa mission. Ce personnel a été affecté à la métropole mais, en réalité, nous continuons à en assumer le financement. Il demeure aujourd’hui des interrogations et des discussions entre les communes membres de l’agglomération. La démonstration reste à apporter que le service rendu est au moins équivalent à celui qui existait auparavant.

7JC: Quelles sont vos relations avec Olivier Bianchi, le président de Clermont Métropole?

L.G.E: Nous n’envisageons pas de passer des vacances ensemble, nous n’avons ni la même sensibilité politique, ni le même tempérament. Mais l’essentiel est que chacun se situe dans la responsabilité confiée par ses électeurs et dans une cohérence par rapport à ses fonctions. Pour ma part, j’estime qu’une fonction au second degré n’a pas tout à fait la même valeur qu’une fonction au premier degré…      

7 JOURS A CLERMONT: Dans un an auront lieu les élections municipales. Serez-vous candidat à votre propre succession?

LOUIS GISCARD D’ESTAING: La question n’est pas, aujourd’hui, d’actualité. Le calendrier reste celui que j’avais indiqué. Je commencerai à consulter à l’automne prochain et, aussi, à réfléchir en fonction de critères liés à l’actualité. Nous débuterons la préparation des prochaines municipales au mois de septembre…

« Une réforme d’une incroyable légèreté »

7JC: Vous êtes conseiller régional. La réforme territoriale, qui a abouti à la fusion Auvergne-Rhône-Alpes, est elle, selon vous, un atout ou un handicap pour la partie auvergnate?

L.G.E: Il faut d’abord évoquer les conditions dans lesquelles cette fusion s’est effectuée. Comment peut-on opérer de tels changements institutionnels sans consulter la population, sans la moindre concertation avec les élus territoriaux, sans un minimum d’anticipation sur les conséquences économiques? La réforme a été pratiquée avec une incroyable légèreté, une inconséquence invraisemblable. Maintenant, avec Laurent Wauquiez à la présidence, nous avons la responsabilité de gérer au mieux cette nouvelle région. Nous avons réduit les dépenses de fonctionnement au bénéfice de l’investissement. Nous n’avons pas souhaité ce regroupement d’Auvergne et Rhône-Alpes. A partir de là, nous essayons de faire pour le mieux et, si possible, que cela devienne une opportunité. Le fait que Laurent Wauquiez soit issu de la Haute-Loire est un élément positif: il fait particulièrement attention à ce que l’équilibre géographique soit préservé.

7JC: Quel est votre regard sur la crise des Gilets Jaunes? 

L.G.E: Emmanuel Macron a été élu sur une promesse de réforme du pays sur la base d’un diagnostic. Celui, en particulier, du ras le bol fiscal qui avait prévalu du temps de François Hollande dont il était le ministre des finances. Et que s’est-il passé? Très vite, son gouvernement a augmenté la CSG de 23%. Il y a eu ensuite la perspective de l’augmentation de la taxe sur le gazole et l’essence. Quant à l’annonce de la suppression de la taxe d’habitation soit disant pour 80% des Français, qui va la compenser? L’Etat, évidemment. Or l’Etat, c’est qui? Ce sont les Français, évidemment…La légitimité démocratique de l’actuel Président interroge également. Il a certes bénéficié de 65% des votes au second tour. Mais n’oublions pas qu’il affrontait alors Marine Le Pen et que bien des électeurs ont voté contre davantage que pour. La crise des Gilets Jaunes est révélatrice de beaucoup de décisions ou d’indécision et de déceptions.

« L’Europe n’est pas responsable du niveau de chômage en France »

7JC: Les prochaines élections européennes se traduiront-elles, selon vous, d’abord par un enjeu national?

L.G.E: On revient pour cette élection européenne à un scrutin de listes nationales. Par évidence, cela va « nationaliser » le débat. D’autre part, on voit bien que les sujets européens sont très imbriqués dans les questions françaises. J’espère que cette élection permettra de mettre en lumière des avancées que l’on peut attendre sur des questions de l’intégration européenne, par exemple en matière d’environnement ou de sécurité-santé. Et puis, inévitablement, il y aura un débat strictement Français. Par exemple, le niveau du chômage dans notre pays n’est pas dû à l’Europe.

7JC: L’Europe donne un peu l’image d’un train qui se serait arrêté en route. Comment réinventer ou réenchanter l’idée européenne qui n’est plus très populaire?

L.G.E: Il faut absolument mettre en évidence ce que l’Europe peut apporter de solutions. Et ce qui n’est pas du niveau européen doit se traiter à l’échelon national. Dans le même temps, il reste beaucoup à faire: il n’est pas normal, par exemple, que sur la traçabilité alimentaire, aucune norme européenne ne soit en place. Il n’existe pas non plus aujourd’hui de FBI européen, pas de police des frontières…  Pour ma part, je crois encore en un idéal européen: l’exemple du Brexit démontre de façon explicite qu’il n’y a aucun gain pour un pays à sortir de l’Union.

Louis Giscard d’Estaing et Marc François- photo Sylvia Aubert.

À propos de l'auteur

Marc François

A débuté le métier de journaliste parallèlement sur une radio libre et en presse écrite dans les années 80. Correspondant de plusieurs médias nationaux, rédacteur en chef de l’hebdomadaire Info Magazine (Clermont, Limoges, Allier) pendant 9 ans, il a présidé le Club de la Presse Clermont-Auvergne entre 2009 et 2013. Il est l’initiateur de 7 Jours à Clermont.

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