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Louis Giscard d'Estaing et Marc François- photo Sylvia Aubert.
Entretiens Vie publique

Louis Giscard d’Estaing: « Je crois encore en l’idéal européen »

Suite de l'entretien que Louis Giscard d'Estaing, maire de Chamalières et conseiller régional, a accordé à 7 Jours à Clermont. Où il est question des prochaines municipales, des conséquences de la réforme territoriale, de l'Europe et des Gilets jaunes...

7 JOURS A CLERMONT: Dans un an auront lieu les élections municipales. Serez-vous candidat à votre propre succession?

LOUIS GISCARD D’ESTAING: La question n’est pas, aujourd’hui, d’actualité. Le calendrier reste celui que j’avais indiqué. Je commencerai à consulter à l’automne prochain et, aussi, à réfléchir en fonction de critères liés à l’actualité. Nous débuterons la préparation des prochaines municipales au mois de septembre…

« Une réforme d’une incroyable légèreté »

7JC: Vous êtes conseiller régional. La réforme territoriale, qui a abouti à la fusion Auvergne-Rhône-Alpes, est elle, selon vous, un atout ou un handicap pour la partie auvergnate?

L.G.E: Il faut d’abord évoquer les conditions dans lesquelles cette fusion s’est effectuée. Comment peut-on opérer de tels changements institutionnels sans consulter la population, sans la moindre concertation avec les élus territoriaux, sans un minimum d’anticipation sur les conséquences économiques? La réforme a été pratiquée avec une incroyable légèreté, une inconséquence invraisemblable. Maintenant, avec Laurent Wauquiez à la présidence, nous avons la responsabilité de gérer au mieux cette nouvelle région. Nous avons réduit les dépenses de fonctionnement au bénéfice de l’investissement. Nous n’avons pas souhaité ce regroupement d’Auvergne et Rhône-Alpes. A partir de là, nous essayons de faire pour le mieux et, si possible, que cela devienne une opportunité. Le fait que Laurent Wauquiez soit issu de la Haute-Loire est un élément positif: il fait particulièrement attention à ce que l’équilibre géographique soit préservé.

7JC: Quel est votre regard sur la crise des Gilets Jaunes? 

L.G.E: Emmanuel Macron a été élu sur une promesse de réforme du pays sur la base d’un diagnostic. Celui, en particulier, du ras le bol fiscal qui avait prévalu du temps de François Hollande dont il était le ministre des finances. Et que s’est-il passé? Très vite, son gouvernement a augmenté la CSG de 23%. Il y a eu ensuite la perspective de l’augmentation de la taxe sur le gazole et l’essence. Quant à l’annonce de la suppression de la taxe d’habitation soit disant pour 80% des Français, qui va la compenser? L’Etat, évidemment. Or l’Etat, c’est qui? Ce sont les Français, évidemment…La légitimité démocratique de l’actuel Président interroge également. Il a certes bénéficié de 65% des votes au second tour. Mais n’oublions pas qu’il affrontait alors Marine Le Pen et que bien des électeurs ont voté contre davantage que pour. La crise des Gilets Jaunes est révélatrice de beaucoup de décisions ou d’indécision et de déceptions.

« L’Europe n’est pas responsable du niveau de chômage en France »

Louis Giscard d’Estaing dans son bureau de l’Hôtel de ville de Chamalières- photo Sylvia Aubert.

7JC: Les prochaines élections européennes se traduiront-elles, selon vous, d’abord par un enjeu national?

L.G.E: On revient pour cette élection européenne à un scrutin de listes nationales. Par évidence, cela va « nationaliser » le débat. D’autre part, on voit bien que les sujets européens sont très imbriqués dans les questions françaises. J’espère que cette élection permettra de mettre en lumière des avancées que l’on peut attendre sur des questions de l’intégration européenne, par exemple en matière d’environnement ou de sécurité-santé. Et puis, inévitablement, il y aura un débat strictement Français. Par exemple, le niveau du chômage dans notre pays n’est pas dû à l’Europe.

7JC: L’Europe donne un peu l’image d’un train qui se serait arrêté en route. Comment réinventer ou réenchanter l’idée européenne qui n’est plus très populaire?

L.G.E: Il faut absolument mettre en évidence ce que l’Europe peut apporter de solutions. Et ce qui n’est pas du niveau européen doit se traiter à l’échelon national. Dans le même temps, il reste beaucoup à faire: il n’est pas normal, par exemple, que sur la traçabilité alimentaire, aucune norme européenne ne soit en place. Il n’existe pas non plus aujourd’hui de FBI européen, pas de police des frontières…  Pour ma part, je crois encore en un idéal européen: l’exemple du Brexit démontre de façon explicite qu’il n’y a aucun gain pour un pays à sortir de l’Union.

À propos de l'auteur

Marc François

A débuté le métier de journaliste parallèlement sur une radio libre et en presse écrite dans les années 80. Correspondant de plusieurs médias nationaux, rédacteur en chef de l’hebdomadaire Info Magazine (Clermont, Limoges, Allier) pendant 9 ans, il a présidé le Club de la Presse Clermont-Auvergne entre 2009 et 2013. Il est l’initiateur de 7 Jours à Clermont.

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