Le nom d’Henry Audraud a été effacé de l’espace public clermontois en 2023 avec les derniers assauts de la grignoteuse qui a fait disparaître à jamais le plus emblématique « HLM » de Clermont. La Muraille de Chine était en réalité le surnom, assez vite donné d’ailleurs, à la résidence Henry Andraud située… rue Henry Andraud sur le plateau Saint-Jacques. La consultation citoyenne a fait ressortir que les clermontois préfèrent que le futur parc se nomme Parc de la Muraille plutôt que Parc Henry Andraud. Alors espérons que le nom de cet auvergnat à l’étonnant destin ne soit pas définitivement rayé des plans et guides.
En attendant, la grande exposition qui lui a été consacrée cet été à Egliseneuve-d’Entraigues vient d’être installée à l’Espace Simone Veil de Chamalières. 40 panneaux, 60 cadres d’articles de presse, 9 motos GIMA et ne nombreux objets, offrent la possibilité de découvrir la vie plus que remplie de Henry Francisque Bernard Joseph Andraud, né à Clermont en 1895 et décédé à 55 ans à Chamalières.
De conseillé municipal à sous-secrétaire d’État
Fils de paysan, Henry Andraud s’engage volontairement à 19 ans à peine, dans l’infanterie pour défendre la France. Il sort de la Première Guerre mondiale, blessé et médaillé, avec une grande passion pour l’aviation dont il a vu les applications militaires durant le conflit. À son retour à la vie civile, il pratique l’aviation pour le plaisir. Durant la guerre, il s’intéresse également à la politique, devenant membre du parti socialiste dès 1915. Cette appartenance politique lui permet de se rapprocher d’Alexandre Varenne, le fondateur de La Montagne qui l’embauche comme rédacteur et le nomme rédacteur en chef en 1925. Cette même année, il est élu conseillé municipal de Clermont puis député du Puy-de-Dôme en 1928, réélu en 1932. En 1930, il devient également le maire d’Égliseneuve-d’Entraigues, (mandat qu’il conservera jusqu’en 1945). Durant cette période, il se montre ardent défenseur des anciens combattants. Adhérent au Parti Socialiste de France, il est réélu en 1936 avant de rejoindre la SFIO. Ses connaissances dans le domaine de l’aviation lui permettre d’accéder au poste de sous-secrétaire d’État à l’air entre 1937 et 1938 sous le gouvernement Chautemps. Après l’épisode gouvernemental, il revient à la politique locale, toujours, maire d’Égliseneuve et conseillé général jusqu’en 1940. Il est alors mobilisé comme lieutenant pilote.
Les 3 guerres d’Henry Andraud
Henry Andraud disait lui même, avoir vécu 3 guerres, celle 14/18, la drôle de guerre de 39/40 et la fin du conflit 41/44 au sein d’un réseau de Résistance. Toujours fidèle au socialisme, décoré pour son engagement, son appétence pour la politique se retrouve sérieusement mise à mal. Il est en effet exclu de la SFIO pour avoir voté en faveur des pleins pouvoirs constituants à Philippe Pétain lors du vote de l’Assemblée nationale, le 10 juillet 1940. Se sentant véritablement victime d’un piège, il finit par mettre un terme à sa vie politique et décide de se lancer dans une nouvelle aventure, industrielle cette fois-ci, avec les Motos GIMA.
La brève aventure GIMA
L’histoire de GIMA, Groupement Industriel Métallurgique et Automobile, débute durant la guerre sous la houlette des frères Louis et Henri Chartoire pour fabriquer des pièces mécaniques. Par ailleurs les deux frères dirigent les AMC, Ateliers Mécaniques du Centre, constructeurs de moteurs de motos de petites cylindrées. Henry Andraud travaille avec eux, sans que son nom apparaisse officiellement dans les statuts de l’entreprise jusqu’en 1943. Il est, en effet, sous surveillance du fait de ses implications dans la Résistance. Après guerre, il lance un appel à projet de cadre de moto remporté par Paul Josué dont le croquis est dessiné sur une feuille de cahier d’écolier. En 1947, le premier vélomoteur GIMA sort de l’usine installée avenue Pasteur à Chamalières, derrière la banque de France. La marque produit plusieurs modèles avec différentes cylindrées jusqu’à 250 cc. Deux GIMA remportent le Bol d’Or 1949, en catégories 125 et 175, une consécration pour la marque auvergnate qui, cette même année, voit disparaître son patron, emporté par une crise cardiaque. GIMA fait faillite en 1955, le stock de pièces étant cédé à Favor, autre marque auvergnate voisine.
L’exposition consacrée à Henry Andraud est visible à l’Espace Simone Veil de Chamalières jusqu’au 22 septembre 2024. Elle a été montée par François Lacouture, son petit fils, épaulé par Bernard Palacio pour la partie moto et Antonio Alvarez qui pour la scénographie des nombreuses archives fournies par la famille et les archives départementales. À noter que deux motos GIMA présentées ont été prêtées par le Musée Baster de Riom.
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