Les citadins, naturellement, ont besoin d’espaces verts. Saturés de béton, étouffés par les gaz, les particules, inondés par les pollutions domestiques, entourés de câbles, de lignes, d’antennes, chahutés par les bruits ininterrompus, celui du va et vient, des véhicules, de la rue et celui des voisins, le pire( !), ils rêvent de chlorophylle et de pâquerettes, de chants d’oiseaux et de bourdonnement des abeilles. Un effet, peut-être, du lien originel qui nous rattache à la nature et de notre condition animale.
D’où la tendance très séduisante de végétaliser les villes, d’y introduire des espaces verts, d’y aménager des potagers, des jardins partagés. Aujourd’hui, il n’est pas rare d’implanter des ruches urbaines. On profite même des toits pour y semer des essences et y abriter plantes grasses et arbustes… De la verdure pour rendre l’urbanisme moins brutal, un peu d’écologie dans la gestion d’espaces publics encombrés. Les aménageurs se doivent aujourd’hui de posséder la fibre verte pour demeurer dans l’air du temps. Demain sera un autre jour.
Une nature exsangue
Ce sont de louables projets qu’il faut sans doute saluer et peut-être encourager. A condition toutefois d’avoir à l’esprit que la fonction d’une ville n’est pas d’être à la campagne mais bel et bien de concentrer la population et les activités afin d’épargner des espaces naturels qui se réduisent comme peau de chagrin …
La priorité, en matière environnementale, n’est pas de végétaliser les villes. C’est bel et bien de ne pas urbaniser les surfaces naturelles.
La ville sur la ville
Chaque année, l’équivalent d’un département français est ainsi bétonné, souillé, livré aux promoteurs et aux projets… Des pans entiers de littoral (déjà massacré pour sa très grande majorité), des forêts, des landes disparaissent. Des plaines, des vallées sont sacrifiées pour se transformer en zone artisanale ou en secteur pavillonnaire ; sans oublier le réseau routier ou autoroutier qui ne cesse de défigurer les paysages. …Un mouvement en forme de rouleau compresseur qui constitue un dommage irréversible pour la nature en général, la biodiversité, en particulier.
L’idée de construire la ville sur la ville, plutôt que d’en étendre la surface et d’en repousser les limites, est la seule qui soit écologiquement responsable.
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