Molière ? On y revient toujours. Inévitablement… Pourtant, le théâtre du Valet de Cœur a mis longtemps avant d’oser affronter le monstre sacré. « J’ai attendu plus de vingt ans, en réalité. Par respect, par peur de ne pas être à la hauteur. Les personnages de Molière sont complexes, dans le détail. Il faut une grande justesse de chacun des acteurs pour les interpréter » souligne Jean-Yves Lenoir, le créateur de la compagnie. Mais, après cette longe attente, la troupe s’est rattrapée : entre Le mariage forcé et Le médecin malgré lui, il y eut ainsi Le malade imaginaire, Georges Dandin, L’amour médecin et L’avare.
Une pièce en vers
Aujourd’hui, Le Valet de Cœur aborde une nouvelle pièce, la toute dernière écrite par l’auteur en alexandrins : Les femmes savantes. « C’est la première fois que l’on s’attaque à une pièce de Molière en vers. Simplement, j’ai estimé que nous avions actuellement une génération de comédiens susceptibles de relever un tel défi » explique le metteur en scène. Un an de travail, environ, a été nécessaire pour structurer la pièce, l’apprendre, la répéter, la peaufiner. Un méticuleux labeur indispensable à une création qui ne manque pas d’ambition.
« Un roman d’amour magnifique »
Un trio amoureux, deux sœurs et un jeune courtisan ; mais aussi un faux savant, des pédants et une femme soucieuse de donner la main de sa fille à un homme instruit et reconnu… Les ingrédients des Femmes savantes sont connus. Dans sa mise en scène, Jean-Yves Lenoir a d’abord voulu mettre en exergue « ce roman d’amour magnifique autour de trois jeunes gens ». Edwige Thoisy, Minna Prin et Angel Béthermin, les trois interprètes de ces personnages centraux, ont donc des responsabilités particulières au moment de monter sur scène. Au-delà de cette histoire de sentiments et d’hésitations, la pièce met également l’accent sur les aspirations sociétales des femmes. « Il y a chez Molière du féminisme déguisé. Comme toujours, il en touche les excès pour mieux souligner la légitimité de ce combat » estime le metteur en scène.
Il y a 347 ans…
Les personnages prennent place dans un salon de style ancien. Au mur, sont accrochées des images de femmes, réalisées par la plasticienne Lady Caviar, à partir de photographies. Et comme toujours, les costumes sont imaginés par Denis Charlemagne. Les trois coups peuvent être donnés… « Avec Molière, la difficulté est de ne jamais vouloir en faire trop. On pourrait transformer ses pièces en vaudeville. Or, de toute évidence, c’est autre chose. Il y a certes l’aspect du divertissement mais c’est aussi une réflexion sur les femmes, sur la société, sur l’amour, sur le mariage » explique le metteur en scène. C’est peut-être pourquoi Les femmes savantes, dont la première eut lieu le 11 mars 1672, reste aujourd’hui encore incontournable.
Les 15, 16, 23, 29 et 30 novembre et le 3 décembre à 20h30 au Théâtre du Valet de Cœur, 8 rue Antoine d’Auvergne à Clermont. Réservations au 04-73-91-20-66. Site : http://theatre.valetdecoeur.free.fr
Commenter