Il y aurait trop de jours fériés en France. L’affirmation, qui aurait jadis été jugée tendancieuse sinon scandaleuse, est désormais régulièrement à l’ordre du jour. Le Medef réclame périodiquement la suppression de deux d’entre eux au nom de la sacrosainte compétitivité et les think tank « libéraux » travaillent l’opinion publique dans ce sens, avec pour argument toujours la productivité, les chiffres d’affaire et les comparatifs avec d’autres pays européens. Selon eux, donc, les onze jours fériés français entraîneraient une baisse significative du Produit Intérieur Brut. D’autres économistes, moins militant, font état d’une perte très limitée (autour de 0,1%). Les entreprises, en effet, s’organisent, anticipent et les jours fériés engendrent également une plus-value conséquente dans le secteur du tourisme, en particulier… Les chiffres, comme toujours, se doivent d’être nuancés, relativisés, analysés, commentés à moins de les utiliser comme un étendard.
Plus ou moins, en Europe et ailleurs…
Trop de jours fériés ? Mais par rapport à qui ou à quoi ? « A nos amis européens » répondent en chœur les partisans du « travailler plus pour gagner l’équivalent », slogan qui, soit dit en passant, s’applique surtout aux autres. Dans la réalité, le nombre de jours fériés français s’inscrit simplement dans la moyenne européenne. En Finlande , en Autriche, en Espagne ou à Malte, il y en a davantage. Et au-delà du continent, l’Inde, le Japon, la Corée du sud se révèlent également plus généreux…
L’exemple du dimanche
Le débat sur les jours fériés présente d’étranges similitudes avec celui sur le dimanche. Au regard des expériences, l’ouverture dominicale entraîne rarement une hausse du chiffre d’affaire pour les commerçants, sauf dans des domaines très spécifiques ou à des périodes particulières telle Noël . Mais l’ouverture éventuelle d’un concurrent oblige les autres à suivre le mouvement pour ne pas perdre de clientèle. Le jour où (s’il arrive toutefois) la majorité des commerces fonctionnera le dimanche, cette ouverture risque de perdre tout intérêt pour ceux qui l’appliqueront, en lissant les achats. Mais il sera alors trop tard pour faire marche arrière…
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