Difficile, en effet, d’imaginer ce maître attentif et bienveillant découpant des morceaux de viande dans son arrière-boutique, hissant des carcasses de veaux sur son dos ou pendant les restes d’un mouton à un crochet. Le « paysage » banal d’une boucherie ordinaire. Cette dichotomie entre le sort réservé à certaines espèces et à d’autres ne reposent sur rien de rationnel ou de scientifique. Dans la pyramide supposée de l’évolution, le chien ou le chat n’occupent pourtant pas une place plus élevée que la vache. Quant au porc, dont le destin n’a rien d’enviable, élevé en batterie et abattu à la chaîne, il est pourtant l’un des proches parents de l’être humain, dont il partage plus de 99% des gènes. Un cousin germain que l’on voue délibérément aux pires supplices.
Ainsi va le monde
L’animal est ainsi le souffre-douleur, l’éternelle victime expiatoire, la proie de toutes les violences quotidiennes, des exactions les plus épouvantables. Face au pouvoir sans partage de l’être humain, il recule, cède, s’incline … et meurt en silence. Tué par plaisir ou pour l’argent, relégué, harcelé, persécuté, chassé, torturé, battu, mis en cage, égorgé, désossé, déplumé, transformé en produit de consommation, exterminé, anéanti. Jusqu’à disparaître parfois de la surface du globe. Les origines communes de l’homme et des animaux, mises en lumière dès Darwin, sont pourtant désormais admises unanimement par les scientifiques. Quant à l’éthologie, elle démontre chaque jour un peu plus la sensibilité et l’intelligence des animaux évolués et devrait nous conduire à davantage d’empathie et de compassion sinon d’affection. Et nous inciter très naturellement à adopter un autre comportement. Pourtant, rien ne change tout à fait. La condition infligée à l’animal, en général, constitue peut-être le plus flagrant des obscurantismes contemporains ; une façon de nier l’évidence, de considérer l’autre comme négligeable, insignifiant ou anodin. A part son chien, évidemment, pour qui rien n’est trop beau…
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