C’est en buvant un café, au matin, à la terrasse ensoleillée des « Beaux-Arts » avec Jean-Claude Saurel, l’ex président du festival du Court-Métrage, que j’ai appris inopinément le décès de Jean-Louis Murat. Après une longue carrière de journaliste, toujours le nez dans le guidon, j’ai choisi en effet de couper avec l’actualité brute, de la tenir, autant que possible, à distance. « Murat, 24 heures après Tina » me dit ainsi mon interlocuteur. Sur le coup, je n’ai pas compris de quoi il s’agissait. Ma Tina « à moi » est plutôt l’ancienne et ravissante championne olympique de ski alpin (Tina Maze) que la chanteuse de rock dont j’ignorais qu’elle était naturalisée suisse. Quant à Jean-Louis Murat, sans doute l’imaginais-je en pleine santé, profitant de ses chères montagnes auvergnates du côté d’Orcival, sans trop m’apercevoir à quel point le temps filait aussi pour les autres.
Au-delà
L’heure de la mort est souvent celle des dithyrambes. Les journalistes savent faire cela aussi. En ce qui me concerne, elles m’ont toujours paru inopportunes et quelque peu impudiques. Ce qu’il me restera de Jean-Louis Murat : trois albums soigneusement rangés au sein de ma discothèque hétéroclite, en plus de deux singles dont celui qu’il avait enregistré aux côtés de Mylène Farmer. Surtout le souvenir de plusieurs interviews et de quelques rencontres au fur et à mesure des décennies. Lui, selon l’humeur ou la situation, pas toujours chaleureux, parfois lunatique et taciturne, d’autres fois charmant et enjoué. Certaines de ses réflexions, aussi, impérissables et à contre-courant, comme sa saillie plutôt bienvenue contre ce que représente l’ASM et le rugby dans la région. Enfin, peut-être, le regret de ne pas avoir été au-delà de ces entrevues un peu superficielles et toujours laconiques. Dommage, probablement, car Murat était un amoureux de la nature, un fou de cyclisme et de littérature, un hypersensible qui parlait aux vaches, maniait la provocation et fuyait l’hypocrisie. Dès lors, il ne pouvait laisser indifférent.
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