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Illustration Les Grands Jours d'Auvergne (c) BNF
Illustration Les Grands Jours d'Auvergne (c) BNF
Histoire

Les Grands Jours d’Auvergne, pour faire tomber des têtes

Les Grands jours d'Auvergne est un épisode spectaculaire de l'histoire auvergnat qui illustre l'évolution du fonctionnement de la justice et des institutions alors qu'elles sortaient de l'ère médiévale.

Fin septembre 1665, à Clermont et au Puy s’ouvrent Les Grands Jours. Ce sont  des assises royales extraordinaires, durant lesquelles la justice de l’État fait preuve d’autorité et entend reprendre la main, jugeant « en dernier ressort » des affaires qui localement ont donné lieu à des décisions contestables ou tout simplement substituées à la justice.

« tirer les peuples de l’oppression des puissants »

Durant quatre mois, cette cour composée de magistrats venus spécialement de Paris va juger, enquêter puis condamner, parfois en procédant à des règlements de comptes politiques. Les mots du procureur général, Denis Talon, en disent long sur l’ambiance. Il s’agit réprimer les abus commis par une partie de la noblesse de province afin de « tirer les peuples de l’oppression des puissants ». L’épisode concerne également quelques 12 000 plaintes déposées contre des représentants de la petite noblesse campagnarde qui maîtrise l’art de la corruption avec des juges pas très regardant, ces derniers ayant un peu trop tendance à fermer les yeux pour les nobles tout en étant intraitables pour les plus humbles.

Les Grands Jours : beaucoup de bruit pour pas grand chose ?

En quatre mois, près de 1 400 affaires sont instruites. Les juges prononcent 692 condamnations, dont 347 condamnations à la peine capitale. 125 concernent des nobles. Sur les peines prononcées, seulement 23 sont exécutées, dont beaucoup « en effigie », en l’absence des condamnés. Certains sont tout de même décapités, d’autres voient leurs châteaux rasés et leurs biens confisqués. Leur ventes rapportent au total 20 000 livres au Trésor une fois les frais de démolition déduits.
Avec le recul et l’analyse de ces chiffres ces Grands Jours peuvent donner l’impression d’être finalement un peu théâtraux. Ils sont l’héritage d’une justice médiévale et ne semblent plus être en accord avec leur temps. Le fonctionnement des institutions évolue et l’État se modernise. Les Grands jours de 1665 sont finalement  les derniers à se tenir dans le royaume et disparaissent assez vite des mémoires.

Un livre dans la collection  Cette année là

Les Édition Midi-Pyrénéennes ont publié un livre* consacré à cet épisode de l’histoire dans sa collection Cette année là. 1665. Les Grands Jours, quand la justice du Roi tient ses assises en Auvergne est signé par Rémi Oulion, professeur d’histoire du droit à l’Université Clermont Auvergne, dont les recherches portent sur l’histoire du haut Moyen-Âge et sur l’administration et la justice aux époques moderne et contemporaine. Ce dernier retrace le déroulé judiciaire et explique pourquoi ces assises furent les dernières et rapidement oubliées dans l’histoire locale.

*Le premier ouvrage publié sur les Grands Jours a été rédigé par Esprit Fléchier et publié par Benoît Gonod, bibliothécaire de la ville de Clermont en 1844. Mémoires de Fléchier sur les Grands-jours tenus à Clermont en 1665-1666, Paris – Porquet.

À propos de l'auteur

Olivier Perrot

Pionnier de la Radio Libre en 1981, Olivier Perrot a été animateur et journaliste notamment sur le réseau Europe 2 avant de devenir responsable communication et événements à la Fnac. Président de Kanti sas, spécialisée dans la communication culturelle, il a décidé de se réinvestir dans l'univers des médias en participant à la création de 7jours à Clermont.

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