Giant steps : Le clin d’œil au morceau emblématique de John Coltrane était tentant pour parler du saxophoniste Gaspard Baradel dont la carrière a franchi cette année des « pas de géant ». Avec la sortie de Rêverie son premier album auto-produit, le jeune musicien clermontois vient d’opérer une franche bascule du côté des professionnels. Un premier album est toujours le point de départ «officiel» d’une carrière, un passage obligé pour sortir de l’anonymat des sidemen et imposer ses premières compositions . Rêverie est donc publié sous le nom de Gaspard Baradel Quartet, une formation composée d’Antoine Bacherot au piano, Cyril Billot à la contrebasse et Josselin Hazard à la batterie, autrement dit la génération montante des jazzmen auvergnats. L’album présente 6 compositions et un standard, le célèbre Evidence de Thelonious Monk. A l’écoute, l’album prouve que le musicien d’à peine 27 ans possède assez de bagages artistiques pour se lancer dans l’écriture mais qu’il a aussi acquis une forte culture du jazz lui permettant de faire référence à ses aînés. Monk, avec la reprise d’un thème trituré par une interprétation saxophone-batterie, mais aussi John Coltrane ou Kenny Garrett dont on sent une forme de présence notamment sur le jeu au saxophone soprano. Mais les hard boppers ne sont pas les seuls influenceurs de sa musique car, plus jeune, il a beaucoup écouté de classique et du rock progressif ou expérimental dont on retrouve des fragments dans la manière de composer les thèmes et dans l’énergie déployée pour leur interprétation.
Rêverie a été enregistré en deux journées dans le studio Tooptee de Pierre Baudinat en région Lyonnaise, en octobre 2019 et janvier 2020. Les deux séances programmées à trois mois d’intervalle ont permis un travail de fond et donc la production d’un album abouti. Chaque titre a fait l’objet de 3 ou 4 prises, le choix définitif s’opérant de manière collective en tenant compte de l’énergie dégagée. « Il est parfois difficile de choisir car j’adore l’improvisation et chaque prise est intéressante. Josselin Hazard a une grande influence car il faut le challenger sans cesse et Antoine Bacherot donne une dimension à la musique. Quand je joue avec eux j’ai envie de sublimer la musique » explique Gaspard Baradel.
A l’affiche de Jazz en Tête
Avoir son nom à l’affiche d’un festival international prouve à tout musicien qu’il joue dans la cour des grands. On imagine aisément le sentiment ressenti quand on est musicien de jazz clermontois et que le directeur artistique de Jazz en Tête (qui n’oublie jamais les musiciens locaux) propose un passage sur la scène de la Maison de la Culture de Clermont pour la soirée de clôture. Gaspard Baradel fait partie des artistes considérant ce festival comme un véritable lieu d’apprentissage. Pour lui ce fut la découverte de la scène avec un concert solo de l’immense pianiste Herbie Hancock puis les interminables jam sessions vécues d’abord comme simple spectateur avant d’aller livrer bataille avec les autres musiciens, et pas des moindres. Ce festival et sa partie off représentent une véritable école du jazz. «Participer à Jazz en Tête est évidemment pour moi quelque-chose de particulier. Ce n’est pas la première fois que j’y jouais puisque j’étais déjà passé en sideman au sein du Blackstone Orchestra puis dans le quartet de Franck Pilandon et des frères Moutin, par contre jouer en tant que leader était un baptême du feu sur une scène internationale» raconte le musicien dont la décontraction sur scène était surprenante. « J’ai bien vécu cette soirée, sans stress ni angoisse même avec le changement d’horaire de dernière minute lié au couvre-feu. Avec les autres musiciens, on a pris quelques risques mais dans le jazz c’est naturel. J’ai vraiment trouvé le moment plaisant malgré la présence dans la salle de nombreuses personnes que je connaissais. A l’issue du concert on a fait une belle séance de dédicaces. Les retours étaient très bons».

Rêverie Gaspard Baradel Quartet
avec Antoine Bacherot piano,
Cyril Billot Contrebasse
Josselin Hazard Batterie.
En vente dans les points habituels (dès que possible) ou directement auprès de l’artiste.
https://www.facebook.com/gaspardbaradelquartet/
Lire aussi notre article de mars 2018 : «Gaspard Baradel partage son énergie»
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