L’élection présidentielle que nous venons de vivre ne restera pas dans l’histoire comme la plus passionnante. Elle sera peut être même considérée comme la plus ennuyeuse de la Ve république. Finalement le seul fait marquant de ce scrutin aura été la totale déconfiture de deux grands partis et l’obligation pour les « ténors » de faire la quête pour honorer les factures. Alors, nous allons repartir pour un nouveau quinquennat sans surprise. Le libéralisme sera encore de la partie, l’essence toujours trop chère, les riches toujours trop riches et le besoin de râler vêtu d’un gilet fluo toujours bien présent. Les législatives représenteront évidemment un 3e tour qu’il faudra suivre avec attention. Mais en attendant le locataire de l’Elysée a renouvelé son bail, dans le contexte actuel c’est peut-être un moindre mal.
« Faute de grives on mange des merles »
Au fond, cette élection n’aura fait que confirmer ce qui se profile depuis des années. Les français se désintéressent de plus en plus de la vie politique. Ils ne se rassemblent plus derrière des grandes idées ou des projets de société. Encore faudrait-il qu’ils aient face à eux des programmes qui les motivent, portés par des leaders en qui ils pourraient avoir pleinement confiance. Au regard des chiffres du premier tour, il semble évident que la manière de faire de la politique ne correspond plus vraiment aux attentes. Les discours stéréotypés et les profils des candidats semblent trop éloignés du quotidien d’une population pour qui le mot démocratie perd parfois son sens. Comme disaient les anciens « faute de grive, on mange des merles ». Alors, on ne vote plus pour, mais contre, en rejouant toujours la même partie consistant à élire à contrecœur, une sorte de bouclier, de plus en plus fragile, qui réussira le temps d’un nouveau mandat, à contenir une extrême qui adoucit son propos mais pas ses intentions.
Formules de politesse
Le débat de l’entre-deux tours aura finalement été très représentatif de cette élection ennuyeuse. A trop vouloir éviter, selon les camps, l’arrogance ou les dérapages incontrôlés, il s’est soldé par deux heures et demi, d’un dialogue policé ponctué de formules de politesse. On notera au passage qu’un certain nombre de sujets au combien importants pour la société, sont totalement passés à la trappe. Il y a cinq ans, la séquence devenue culte sur « les envahisseurs » avait fait marrer tout le monde. Cette année, trois jours après le débat, tout ce qui s’est dit a déjà été oublié parce que les fondamentaux ne sont par remontés dans le débat. On retiendra tout au plus l’expression « ripoliner », clin d’œil à une peinture à l’huile qui sèche rapidement, un produit bien pratique pour redonner du lustre à des surfaces fatigués.
Vous avez résumé en quelque sorte la déchéance de la France et des personnes qui sont supposés nous gouverner !