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Edito

Le temps des météovores

Il y a des fascinations étranges. Par exemple, celle que nos contemporains vouent à la météo.

Nul n’est tout à fait imperméable au temps qu’il fait. Trop froid, trop chaud. Un peu de pluie. Le gris du ciel rend morose ; les nuages, maussades. Et le soleil radieux amène le sourire et la bonne humeur. Un trop long hiver entraîne invariablement vers la déprime… Cette dépendance au climat n’a rien de propre à la modernité. Bien au contraire, d’une certaine façon, le progrès technique a permis à l’être humain d’échapper aux  caprices du ciel quand les sociétés anciennes, avant tout agricoles, dépendaient pleinement des humeurs célestes. Des intempéries répétées et les récoltes dépérissaient, la famine menaçait. Bref, on vivait au rythme du temps, comme pieds et poings liés à la couleur du ciel, aux saisons et aux phénomènes climatiques.

Aujourd’hui, pour beaucoup, la météo est un gadget. Bien-sûr, elle n’a rien d’anecdotique pour celui qui s’apprête à prendre la route, organise un événement ou goûte à des vacances en montagne ou au bord de la mer. Et que dire des SDF privés de toit en plein hiver…Mais pour le reste, l’essentiel de la société s’est « mise à l’abri » du temps qu’il fait…

La pluie et le beau temps

Et pourtant, quelle passion voire quelle obsession ! Il suffit d’ouvrir sa radio, au matin, pour constater que les bulletins-météo se succèdent à bon rythme, toutes les demi-heures, invariablement. Les télévisions ne sont pas en reste : elles raffolent du genre, à grand renfort de cartes interactives ou isobariques et d’animations satellites. Toute la journée, le point sur l’anticyclone qui tarde à se former ou sur les dépressions qui balaient la côte Atlantique, sur les chutes de neige persistantes ou les vents qui se déchainent, sur les éclaircies timides ou les averses intenses, les stratus ou les cumulonimbus. J’ai même appris, sans être tout à fait surpris, qu’il existait une chaîne entièrement consacrée à la météo et que des téléspectateurs s’y adonnaient avec assiduité, observant les cartes atmosphériques et les courants de circulation depuis leurs canapés. Leur occupation favorite consiste à regarder sur un écran le temps qu’il fait derrière leur fenêtre. On n’arrête pas le progrès.

(Dessin Jean-Louis Gorce.)

 

 

À propos de l'auteur

Marc François

A débuté le métier de journaliste parallèlement sur une radio libre et en presse écrite dans les années 80. Correspondant de plusieurs médias nationaux, rédacteur en chef de l’hebdomadaire Info Magazine (Clermont, Limoges, Allier) pendant 9 ans, il a présidé le Club de la Presse Clermont-Auvergne entre 2009 et 2013. Il est l’initiateur de 7 Jours à Clermont.

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