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Marc François.
Photo Fanny Reynaud.
Edito

C’est triste, une ville sans bistrot et sans restaurant

En ce début d'année, les restaurants et les bistrots restent fermés, peut-être pour longtemps. La vie se poursuit, le plaisir en moins.

Mon dernier repas au restaurant s’est déroulé le 26 octobre … Entrée, plat, dessert, suivi d’un café, le tout agrémenté d’une bouteille de vin rouge du Ventoux de bonne facture. Un déjeuner insouciant avec un ami, entre deux confinements lugubres. Quelques jours plus tard, la brasserie en question fermait ses portes. Et, apparemment, elle n’est pas près de retrouver son activité.

Quant à l’ultime café, pris dans un bistrot, il date du jeudi 29 octobre de l’année 2020. Ce jour-là, les nouvelles n’étaient pas rassurantes dans le quotidien imprimé que je survolais d’un œil distrait, en remuant mécaniquement la cuillère au fond de la tasse. Ce serait le dernier café avant longtemps.

Un indispensable lien

Ça n’est pas l’amertume du petit noir que je regrette aujourd’hui, pas plus que les plats mitonnés dans l’arrière-fond des cuisines, où l’on s’agite. Non, la première fonction de ces établissements n’est pas de nourrir ou de désaltérer, elle est de réunir et de distraire, de créer un lien entre les solitudes, de susciter des échanges, des rencontres, des conversations. D’aucun évoquerait la fonction sociale, je préfèrerais mettre en exergue la dimension humaine. Tout simplement.

Pis-aller

On peut imaginer le désarroi de ces milliers de professionnels, privés de leur travail depuis des mois. Et comprendre leur inquiétude quand aucune perspective ne leur est donnée. Pour eux, 2021 débute comme 2020 s’est déroulée. La vente à emporter, que certains ont développé, est un pis-aller qui ne correspond pas à l’essence même de leur métier. L’accueil est la source même de leur activité … C’est pour échapper à son décor quotidien, pour rompre avec ses habitudes que l’on va au restaurant. Pas pour y retourner immédiatement avec, à la main, un sac contenant un plat acheté à l’extérieur.

L’empathie que l’on ressent pour les cafetiers, les restaurateurs est d’autant plus grande que leurs commerces améliorent nos existences. Leur absence de longue durée permet au moins de mesurer combien ils nous sont indispensables pour partager et entreprendre, pour apprécier et se rassembler. Pour donner du plaisir à un quotidien qui en manque parfois cruellement. Le restaurant, c’est le sel de la vie.

À propos de l'auteur

Marc François

A débuté le métier de journaliste parallèlement sur une radio libre et en presse écrite dans les années 80. Correspondant de plusieurs médias nationaux, rédacteur en chef de l’hebdomadaire Info Magazine (Clermont, Limoges, Allier) pendant 9 ans, il a présidé le Club de la Presse Clermont-Auvergne entre 2009 et 2013. Il est l’initiateur de 7 Jours à Clermont.

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