Les chansons, parfois, évoquent un parfum d’hier, généralement lié à des sentiments, des baisers donnés au soleil couchant, l’attente d’un rendez-vous ou d’un retour, le crépuscule d’une relation, la disparition d’un être cher. Un air entendu, au détour de quelque hasard, et ce sont autant d’impressions qui ressurgissent, dans un mélange subtil d’émotion et de mélancolie diffuse, comme des particules élémentaires du passé.

Chacun d’entre nous a pu mesurer combien la musique- plus que toute autre forme artistique- était porteuse de souvenirs et se prêtait à la nostalgie, selon un mécanisme physique ou physiologique imparable.

Flashback

Où étiez-vous lorsque les tours infernales du World Trade Center s’embrasaient sous le regard d’un monde médusé ? Spectacle à la fois fascinant et insoutenable, fracassant et irrespirable, gigantesque et accablant, premier événement d’un siècle alors naissant, qui jetait les bases d’une nouvelle géopolitique planétaire. Ce sanctuaire de la modernité et du capitalisme triomphant s’écroulait brutalement pour ne plus être qu’un amas de gravats et de cendres, un cimetière. Nul n’a oublié ces images d’effroi, dignes d’une méga-production cinématographique.

World Trade Center

Le 11 septembre appartient désormais à la mémoire collective mais il constitue aussi un fragment de nos histoires personnelles, individuelles, secrètes. A l’image, pour les plus anciens d’entre nous, de l’assassinat de J.F Kennedy à Dallas, du premier pas de l’homme sur la lune ou de la chute du mur de Berlin. Des évènements qui rappellent à certains les frissons d’un flirt, les affres d’un amour déchu ou le chahut d’une cour d’école. C’est un peu comme si les évènements-phare se télescopaient avec le quotidien des individus. Il y a ainsi l’histoire du monde telle qu’elle s’écrit, page après page, et celle que nous vivons dans l’intimité insondable de nos existences.