Les chansons, parfois, évoquent un parfum d’hier, généralement lié à des sentiments, des baisers donnés au soleil couchant, l’attente d’un rendez-vous ou d’un retour, le crépuscule d’une relation. Un air entendu, par hasard, et ce sont autant d’impressions qui resurgissent, dans un mélange vain et subtil d’émotion et de mélancolie, comme des particules élémentaires du passé. Chacun d’entre nous a pu mesurer combien la musique- plus que toute autre forme artistique- était porteuse de souvenirs et se prêtait assez bien à la nostalgie, selon un mécanisme physique ou physiologique imparable. L’histoire du monde, elle-même, nous traverse parfois au point de nous habiter dans un mélange confus d’intimité et de conscience.
Des images d’effroi
Où étiez-vous lorsque les tours infernales du World Trade Center s’embrasaient sous le regard d’un monde médusé ? Spectacle à la fois fascinant et insoutenable, fracassant et irrespirable, premier événement d’un siècle alors naissant, qui jetait les bases d’une nouvelle géopolitique planétaire. Ce sanctuaire de la modernité et du capitalisme triomphant s’écroulait brutalement pour ne plus être qu’un amas de gravats et de cendres. Nul n’a oublié ces images d’effroi, dignes d’une méga-production cinématographique.
Le monde et l’individu
Le 11 septembre appartient désormais à la mémoire collective mais il constitue aussi un fragment de nos histoires personnelles, individuelles, secrètes. A l’image de l’assassinat de John Fitzgerald Kennedy à Dallas, du premier pas de l’homme sur la lune ou de la chute du Mur de Berlin, salué par le violoncelle de Rostropovitch. Les attentats infâmes du 13 novembre 2015 à Paris ont aussi frappé notre sensibilité au point de se mêler à nos parcours d’existence et de prendre place au plus profond de nos mémoires. Ces pages de l’actualité rappellent à certains le visage d’une mère disparue, les frissons d’un flirt ou les affres d’un amour déchu. C’est un peu comme si les évènements-phare se télescopaient avec le quotidien des individus. Il y a ainsi l’histoire du monde telle qu’elle s’écrit, page après page, inexorablement, et celle que nous vivons dans l’intimité insondable de nos existences. Des parcours parallèles qui, parfois, s’entrelacent jusqu’à se confondre.
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