Stigmatisé, le plastique n’a pas bonne presse. Bien sûr, personne n’aime voir des films plastiques accrochés aux arbres ou des amas de bouteilles, sacs et emballages plastiques envahir les océans. Il est impossible de ne pas être sensible à la vue d’une baleine morte après avoir ingurgité quelques 27 kg de déchets plastiques qu’elle n’a pas pu digérer.
Le plastique est partout
Pour autant, un monde sans plastique est une chimère. Car le plastique a encore toute son utilité. C’est un matériau aux multiples avantages : léger mais solide, facile et relativement bon marché à produire. C’est un acteur majeur de notre quotidien. On le retrouve dans les emballages alimentaires, dans nos coques de téléphone, nos télévisions, … Plus léger que le métal, il est très présent aussi sur nos voitures. Il engendre une perte de poids qui permet de réduire la consommation de carburant et donc l’impact environnemental. Il est très employé dans le milieu médical pour sa bio compatibilité et son usage unique. Il est donc difficile d’envisager un futur sans plastique.
Si éduquer les populations paraît une priorité, en les incitant à jeter le plastique dans les poubelles et non dans la nature. D’autres solutions existent. Des entreprises ont décidé d’agir à la racine du problème en modifiant les plastiques afin de leur garantir une vie plus éco-responsable. Et la métropole clermontoise n’est pas à la traîne en la matière. Elle abrite Carbios et sa filiale Carbiolice (coentreprise créée par Carbios, Limagrain Céréales Ingrédients et BPI) qui sont à la pointe en matière de dégradation et de recyclage des plastiques.
Une technologie de rupture
Carbiolice a créé une technologie de rupture qui consiste à intégrer dans le plastique, dès sa conception, un additif à base d’enzyme qui va accélérer la biodégradation du plastique jusqu’au zéro déchet, à un coût compétitif. Pour l’heure, cette technologie vise surtout les sacs à usage unique. A terme, elle pourrait concerner les emballages rigides et souples, les matériaux de calage, la vaisselle jetable et les films de paillage agricole.
La petite entreprise a signé un partenariat avec le leader mondial de la production d’enzymes Novozymes. Ses premiers granulés à base de farine de maïs et de biopolymères devraient être commercialisés en 2020. Une aubaine pour Carbiolice qui arrivera à point nommé avec la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte qui prévoit, que à partir, de janvier 2020, seuls seront autorisés à la vente et à la distribution, les sacs constitués à 50 % de matériaux biosourcés et compostables.
Par ailleurs, Carbios est parvenue à produire, avec la même technologie, des bouteilles issues à 100 % de déchets plastiques. Une première mondiale dont se félicite Jean-Claude Lumaret, directeur général de Carbios. « Aujourd’hui, le plastique recyclé est broyé mécaniquement pour obtenir des granulés. Ce procédé casse les propriétés physico-chimiques du PET (polytéréphtalate d’éthylène) qu’on ne récupère qu’à 25 %. Notre procédé enzymatique permet un recyclage presque à 100 % en conservant les propriétés du polymère. Et ce recyclage peut être répété à l’infini ».
En 2017, Carbios a fondé un consortium avec l’Oréal pour industrialiser sa technologie de recyclage. Suntory Beverage & Food Europe, Nestlé waters, et Pepsi co ont rejoint ce consortium en avril 2019. Carbios va se doter d’un démonstrateur industriel de recyclage enzymatique de recyclage de PET sur le site de Kem One à Saint-Fons, près de Lyon. Il devrait être opérationnel en 2021 et tourner en 2022. Ce sera la vitrine de Carbios. Avec ce démonstrateur, Carbios espère vendre ses premières licences industrielles de PET recyclé en 2025.
« Notre technologie, basée sur le modèle d’économie circulaire permet de réutiliser des ressources plutôt que d’en consommer des nouvelles » conclue Jean-Claude Lumaret qui travaille déjà sur le recyclage des textiles en polyester, un nouveau scandale à venir.
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