1940 : Henri Charbonnier, instituteur à Pionsat dans les Combrailles, se rend à Rethondes avec son régiment, le 371e Régiment d’Artillerie Lourde sur Voie Ferrée pour la signature de l’armistice de juin 1940. Face à l’avancée des troupes allemandes, l’armée française doit battre en retraite. Henri Charbonnier est fait prisonnier. Débute alors une période de captivité qui va durer trois années. durant laquelle, il ne cesse d’écrire.
Le quotidien d’Henri Charbonnier consigné dans un carnet
Dès sa mobilisation en septembre 1939 et jusqu’à sa libération en décembre 1942, ce fils de mineur de Saint-Eloy-les-Mines, consigne dans un carnet qu’il garde toujours avec lui, tous les éléments que la guerre lui inflige : ses premières manœuvres en tant que soldat, ses déplacements en train mais aussi à pied, le demi-tour face à l’ennemi pour battre en retraite, sa capture puis son emprisonnement, les stalags, le travail obligatoire… tel un archiviste il rend compte de son quotidien : Arrivée à Rethondes. Compiègne. Armistice (Oise). Première vision de guerre : maisons bombardées, régions évacuées. Première alerte en gare de Compiègne. Pas de mal. On s’installe dans la forêt comme pour un long séjour (abris, PC). Toute proche, villa de Pierre Mille (L’Ortille) où nous commençons les sondages, inquiétés souvent par la venue d’avions allemands. Bombardements assez proches. Pas de mal. Départ de Rethondes le 7 juin à 5 h du matin (!).
Relations épistolaires et pièce de théâtre
Henri Charbonnier entretient également une correspondance fournie avec son épouse, Alice. Le contenu de ses lettres est plus édulcoré que celui très factuel de son carnet. Il fait preuve d’une parfaite maîtrise de la langue française qu’il aime et qu’il l’enseigne dans le civil. En retour, il reçoit des nouvelles écrites de la vie quotidienne loin du front. Dans cette correspondance même si des deux côtés on tente d’embellir un peu la réalité, l’angoisse de la guerre et la peur du lendemain reste perceptible. Je passe d’excellentes nuits sous la tente et je n’ai pas souffert du tout à m’habituer à cette vie de camping. D’ailleurs, sauf la 1ère nuit devant laquelle un très gros orage a éclaté, le temps est au beau et nous jouissons pleinement de la vie au grand air. Hier après-midi, après avoir fait un peu de terrassement, je suis allé me laver dans une excellente sablière avec des copains qui savaient nager. Tu vois donc que tu n’as pas à t’inquiéter. Bien sûr nous craignons toujours l’aviation, bien sûr nous ne sommes pas loin de l’arrière front, mais nous sommes loin des pièces et bien camouflés en pleine forêt.
Durant sa captivité, Henri Charbonnier écrit également un pièce de théâtre d’une quarantaine de pages. Scènes de captivité décrit la vie de dix prisonniers d’une même chambrée à deux période différentes : 2 mois après l’arrivée au Stalag et 15 mois plus tard. Le quotidien est raconté à travers les dialogues entre des personnages d’origines diverses. L’un d’eux est sans doute l’auteur lui même.
Du carnet au livre
Le fameux carnet et les lettres sont toujours restés dans la famille d’Henri Charbonnier. L’une de ses filles les a confié à Serge, petit-fils installé à Billom qui n’a pas connu son grand-père et qui a découvert sa personnalité à travers les nombreux écrits conservés. Touché par la qualité de rédaction et l’intérêt historique du témoignage, il a décidé de rassembler l’ensemble dans un livre intitulé Le Journal de captivité d’Henri Charbonnier publié aux Éditions thiernoises La Galipote. Une partie de l’ouvrage est rédigé par Serge Simonet qui déroule le récit de vie de son aïeul. Les pages du carnet sont reprises in extenso et les document originaux, lettres manuscrites et pièces de théâtre sont reproduits.
Le Journal de captivité d’Henri Charbonnier (20 septembre 1939 – 18 décembre 1942)
Recueil des correspondances de guerre entre Henri Charbonnier, instituteur à Pionsat (63) et sa femme Alice.
Serge Simonet, éditions de la Galipote, 226 pages.
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