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Photo Valentin Uta.
Edito

La grenouille et le bœuf, une petite fable urbaine…

Le soir venu, l'Avenue de la République, quartier en mutation, demeure peu accueillante. Mieux vaut l'arpenter en tramway ou en voiture que comme un piéton. Et que dire de la rue des Jacobins?

Serge Godard, le prédécesseur d’Olivier Bianchi, avait un jour confié qu’il souhaitait faire du quartier étudiant de Kessler-Rabanesse, au beau milieu des facultés, le Quartier Latin clermontois. Ce qui ne manqua pas de provoquer quelques sourires dans l’assistance. Le même maire, qui versa une larme en conduisant la première rame du tramway de la ville, le jour de son inauguration, qualifia aussi l’Avenue de la République, en plein lifting, de futurs Champs Elysées clermontois. Le journaliste que je suis ne manqua pas d’inscrire ces bons mots sur un carnet et de les garder en mémoire quelque part dans son cerveau fatigué. Il n’est pas interdit de rêver, l’exercice est même utile et, paraît-il indispensable, et les métaphores permettent parfois de mieux expliquer sa pensée. Néanmoins, elles peuvent paraître, d’autres fois, exagérées ou déplacées voire même cruelles…

Sous un abri de tramway

Oublions un moment Kessler-Rabanesse, ce Saint-Germain-des-Près qui cache bien son jeu. « Les Champs-Elysées clermontois », les bons mots de Serge Godard me revenaient à l’esprit, l’autre soir, au terme d’un rendez-vous tardif place de la Fontaine à Montferrand. Lorsque l’obscurité pointe le bout de son nez, les tramways* se font rares pour rentrer dare-dare vers le centre-ville. Et ils se font attendre… Prochain passage dans 17 minutes m’indiquait une déroulante un peu décourageante. Pas folichon d’attendre sous un abri de tramway, de quoi regretter d’avoir laissé ma voiture végéter dans son parking. Décision fut donc prise de prendre mes jambes à mon coup et de remonter l’Avenue de la République (les fameux Champs-Elysées) à grandes enjambées. Bizarrement, très vite, la chanson de Jo Dassin me vint à l’esprit. « Au soleil, sous la pluie, à midi ou à minuit, il y a tout ce que vous voudrez aux Champs-Elysées. »

Un grand « ouf »!

Après 20 heures, une fois les bureaux vidés et les « travailleurs » repartis vers leurs foyers, cette artère clermontoise n’est pas de celles où l’on envie de traîner. Et cela se mesure sans effort : pas un chat, en effet, ne traîne sur les trottoirs, à part peut-être un malheureux matou, peut-être abandonné ( ?), se réfugiant sous un véhicule. Très peu de commerces, peu ou pas de restaurants : rien de très engageant, rien qui ne pousse à flâner ou à s’appesantir. Passer devant le Stade Marcel-Michelin, théâtre sans héros, remonter devant la Place du 1er Mai, désertée, puis devant le plus vaste cimetière de la ville où l’on espère que les morts ont trouvé le sommeil. Et déboucher enfin au carrefour des Carmes en poussant un grand « ouf » !…

Effervescence de projets

La vérité est que le quartier de la République est bel et bien en mutation. Que les équipements y émergent et que les projets y sont légion. Polydôme, la Coopérative de Mai, le Pôle République ou l’immeuble du quotidien régional tiennent lieu d’emblèmes et la grande manufacture y a marqué son empreinte. Bien-sûr, le stade reste à l’épicentre, l’activité rugbystique ayant généré quelques commerces. Et il est question à moyen terme d’un grand pôle numérique, dédié aux start-ups. Mais ce quartier d’affaire, au caractère économique et à l’architecture peu accueillante, n’a certainement pas vocation à devenir un lieu de vie, prisé des touristes, des promeneurs et des noctambules, même lorsque le chantier de rénovation des Carmes, mêlant les efforts de la ville à ceux de la manufacture, aura abouti. Bref, comparaison ne vaut pas raison.

Reste la rue des Jacobins…

Au carrefour des Carmes, la balade n’était pas finie. Il restait à ingurgiter la rue des Jacobins qui fait lien entre le quartier en mutation et le cœur de la ville. Et là il y aurait beaucoup à dire et surtout beaucoup à faire en terme de rénovation urbaine et de mixité sociale tant ce canal de passage apparaît dégradé et peu accueillant. C’est lui, pourtant, si peu engageant, qui conduit inexorablement aux Champs-Elysées clermontois.

 

*La scène se déroulait évidemment avant les actuels travaux sur la ligne de tramway.

À propos de l'auteur

Marc François

A débuté le métier de journaliste parallèlement sur une radio libre et en presse écrite dans les années 80. Correspondant de plusieurs médias nationaux, rédacteur en chef de l’hebdomadaire Info Magazine (Clermont, Limoges, Allier) pendant 9 ans, il a présidé le Club de la Presse Clermont-Auvergne entre 2009 et 2013. Il est l’initiateur de 7 Jours à Clermont.

1 Commentaire

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  • Oui et que dire de l evolution de l av des etats unis fontgieve ou d edouard Michelin….depuis 15 ans on nous vend une ville attractive en plein renouveau…la réalité est autre. 4000 logements vacants (qui est parti ?) Un solde migratoire toujours negatif donc attractivité nulle un appauvrissement continu de tous les quartiers…mais chut..

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