Son dernier livre paru est atypique, presque insolite, dans son itinéraire. Longue nouvelle, ou peut-être court roman, Happy End, publié aux Editions Aedis, narre les derniers mois d’un écrivain, spécialisé dans les romans dits « de terroir », et qui va recevoir le prix Goncourt au moment même où la maladie le frappe de plein fouet. Très personnel, assurément intime, le livre constitue une parenthèse dans l’oeuvre de Gérard Georges. « Le style est différent, plus direct. Je crois que tout auteur doit avoir la capacité de surprendre ses lecteurs. Dans Happy End, il y a évidemment des choses de moi, je règle aussi quelques comptes avec un certain parisianisme » explique-t-il. Le livre aurait pu ne jamais voir le jour, il dormait dans un tiroir, lorsqu’un dîner en décida autrement. « Lors de ce repas avec un ami éditeur, il me dit « tu aurais bien un texte pour moi… ». Je lui ai alors envoyé ce manuscrit. Et il l’a publié rapidement. »
« Un phénomène purement français »
Auteur de plus de trente romans, nouvelles, contes pour enfants, Gérard Georges a l’habitude d’enraciner ses récits dans un terroir. Il réfute pourtant l’étiquette d’écrivain « régionaliste ». « C‘est un terme qui est devenu péjoratif et limitatif. Le phénomène est d’ailleurs purement français. Dans la littérature américaine, tous les romans ne se déroulent pas à New York ou à Los Angeles. Ils ont souvent pour décor l’Amérique profonde. Et on ne catalogue pas ces auteurs pour autant. En France, il faudrait que tout se déroule à Paris. J’ai l’habitude de dire que Modiano, c’est du régionalisme parisien. »
« Une seconde nature »
Né à Montbrison dans la Loire, Gérard Georges fut journaliste-pigiste de radio à ses 20 ans, puis se dirigea vers une carrière dans l’éducation nationale: professeur de lettres modernes, tout d’abord, puis chef d’établissement. « Comme prof, mes relations avec les élèves étaient bonnes; en prenant la casquette de chef d’établissement, je suis devenu un flic » précise-t-il. A partir de 2005, il se consacra pleinement à l’écriture. Sans le moindre hasard puisque l’exercice est chez lui vital: « c’est une seconde nature, j’écris depuis toujours. Et j’ai publié mon premier livre à l’âge de 25 ans. » L’accouchement n’est pas toujours sans douleur, comme tout travail, il est organisé, méthodique. « J’écris le matin et le soir. L’après-midi est plutôt consacré à la lecture et aux prix dont je m’occupe: le Prix Lucien Gachon et le Prix Jean-Anglade du premier roman, dont la première édition se déroulera à l’automne prochain« .
Une émission radio
Aujourd’hui publié dans des maisons d’édition parisiennes (Les Presses de la Cité et Calmann Lévy), Gérard Georges a connu son plus gros succès avec L’Ecole en héritage, dont 17.000 exemplaires furent vendues. Et il peut s’enorgueillir de compter un lectorat fidèle qui apprécie sans aucun doute Lucie Lumière, roman sorti à l’automne aux Presses de la Cité, juste avant Happy End. L’écrivain travaille désormais sur un nouveau livre, à paraître dans quelques mois. « J’écris une histoire qui s’éloigne un peu de l’habituelle philosophie des romans du terroir. Disposant de ma liberté d’écrivain, j’ai envie de faire toute autre chose que le paysan qui trait sa vache. » Entre les pages et les salons ou les dédicaces, passages obligés pour un auteur, Gérard Georges enregistre également, une émission de radio consacrée à la littérature pour RCF (Perles de culture), diffusée tous les premiers mardis du mois à 19h30 (et reprise le dimanche suivant à 11h30). Il y reçoit à chaque fois trois auteurs. L’occasion de retrouver le micro de ses vingt ans sans pour autant quitter la plume…
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