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Marc François.
Photo Fanny Reynaud.
Edito

La revanche du homard

La démission de François de Rugy, ministre de la transition écologique et de la solidarité, permet à Emmanuel Macron de se retirer une épine du pied.

Les services de l’Assemblée Nationale s’apprêtent à publier les résultats de leur enquête, menée précipitamment, au sujet des désormais fameux dîners fastueux de leur ancien président, François de Rugy. On sait déjà que ce rapport dédouanera l’ex ministre de l’environnement de ses responsabilités : les repas en question étaient, selon lui, du domaine exclusivement privé. Il n’ y avait donc pas de quoi faire de mal à un homard…

François de Rugy, soucieux de rebondir et de laver son honneur plus blanc que blanc, a déjà annoncé qu’il prendrait prochainement la parole. Ce nouvel épisode (qui ne sera vraisemblablement pas le dernier) suffira-t-il à retourner l’opinion publique ? Peu probable car les images publiées par Médiapart sont de celles qui font mal et creusent leur sillon. Un homard, ça pince énormément…

Pris à son propre jeu

Volontiers donneur de leçon, l’ancien Président de l’Assemblée Nationale, habitué à retourner sa veste, aura été emporté par un épisode qui tient plus d’un comportement discutable que d’une possible affaire d’état. Mieux vaut se montrer insoupçonnable lorsqu’on s’érige en parangon de vertu. Et voilà François de Rugy pris à son propre jeu.

On imagine que sa décision de rendre son portefeuille  a été prise sous l’influence directe de la présidence de la République, désireuse de désamorcer au plus vite un fâcheux dossier, nuisible pour l’image d’un pouvoir qui a déjà donné, en la matière, avec l’affaire Benalla, dont la gestion fut catastrophique.

Journalistes et inquisiteur

Si François de Rugy a (ou a été) démissionné, c’est aussi qu’il n’ignorait pas la persévérance de médias qui n’auraient pas lâché leur proie. Lors d’une autre séquence, François Fillon avait pu mesurer cet acharnement. Lui aussi avait fini par jeter l’éponge.

Plus problématiques sont les propos d’Edwy Plenel, s’étonnant, un peu plus tôt dans la séquence, que le ministre n’ait pas (encore) jugé bon de démissionner. En la circonstance, le patron de Médiapart avait franchi la ligne qui va du journalisme à la prise de position, de l’objectivité au parti pris. Il n’appartient pas aux médias de fixer la règle du jeu, encore moins de se transformer en inquisiteur.

Macron reprend la main

Si Nicolas Hulot aura tenu un peu plus d’un an au ministère de l’environnement, ne cessant d’avaler des couleuvres, la parenthèse François de Rugy n’aura duré guère plus de huit mois. Et voilà donc qu’arrive Elisabeth Borne, déjà détentrice du portefeuille des transports. Polytechnicienne, ancienne directrice de la RATP, habituée des cabinets ministériaux, elle n’a jamais jusque là prouvé sa flamme verte. Mais elle se déclare évidemment « déterminée à poursuivre ce combat essentiel qu’est la transition écologique et solidaire. » Au passage, le titre de ministre d’Etat, accordé à son prédécesseur, ne lui est pas attribué.

Bon ou mauvais signe pour l’environnement ? La vérité est sans doute que, surpris par le score des verts lors des élections européennes, Emmanuel Macron veut reprendre la main et s’ériger comme le premier écologiste du pays. Il restera évidemment à en convaincre les Français et c’est une toute autre affaire…

À propos de l'auteur

Marc François

A débuté le métier de journaliste parallèlement sur une radio libre et en presse écrite dans les années 80. Correspondant de plusieurs médias nationaux, rédacteur en chef de l’hebdomadaire Info Magazine (Clermont, Limoges, Allier) pendant 9 ans, il a présidé le Club de la Presse Clermont-Auvergne entre 2009 et 2013. Il est l’initiateur de 7 Jours à Clermont.

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