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Marc François.
Photo Fanny Reynaud.
Edito

L’autoroute ou la déroute de l’évasion et des paysages

L'autoroute est indifférent à ce qu'il traverse. Il ignore les contrées qui l'entourent et qu'il défigure sans le moindre état d'âme. Sa seule fonction est d'aller d'un point A vers un point B.

De grands espaces traversés par une bande d’asphalte. Et des individus motorisés qui les parcourent sous un soleil de plomb ou dans la froidure de l’hiver, à la recherche d’émotions, d’émancipation, de conquêtes intimes et d’impressions éphémères, fuyant la routine de quotidiens trop banaux. La Route 66 est devenue mythique, à l’image de la Route 40 ou de la Carretera Austral en Amérique du sud.

En France, la Nationale 7, certes moins exotique, sauvage et aventureuse, fut aussi synonyme de liberté, d’évasion, d’échappée belle. Des brumes des cités, rouler vers les vagues et l’azur. De Paris à Menton, via la Bourgogne, le nord de l’Auvergne puis la vallée du Rhône où se manifestent les premiers chants des cigales, enfin l’Estérel et bientôt la Méditerranée. Un itinéraire que Trénet chantait de sa voix enjouée et chaleureuse en un temps où le rap n’existait pas. Ni les réseaux sociaux, évidemment…

No man’land

Ces parcours légendaires du XXème siècle ont trouvé leur anti-thèse, leur contraire absolu, avec la réalisation des autoroutes, ces tronçons impersonnels et insipides qui conduisent simplement, anonymement, d’un point à un autre, en ignorant superbement les villages, les régions, les paysages, les accents, les couleurs, les traditions. Une forme contemporaine de no man’s land où même les péages sont désormais désertés par toute trace de vie pour ne plus constituer que des jackpots sans visage pour Vinci, Eiffage ou Albertis, avec la bénédiction de l’Etat.

Ce cher Bison Futé

En fait, en se vulgarisant puis en se reproduisant à l’infini, l’automobile- beaucoup plus que la moto- a perdu son caractère d’objet d’émancipation. On ne roule plus par plaisir mais par nécessité, entre les feux rouges, les rond-points et les bouchons à répétition, sous le regard bienveillant de Bison Futé. La touche finale a bien-sûr été apportée par l’invraisemblable dispositif de répression routière. A grand renfort de radars, de jumelles, de traques et d’interventions musclées. Aujourd’hui, l’automobiliste, privé d’initiative et de libre-arbitre, est un mouton, comme un autre, qui suit sagement les instructions. Gare à lui si jamais il devait en être autrement…

À propos de l'auteur

Marc François

A débuté le métier de journaliste parallèlement sur une radio libre et en presse écrite dans les années 80. Correspondant de plusieurs médias nationaux, rédacteur en chef de l’hebdomadaire Info Magazine (Clermont, Limoges, Allier) pendant 9 ans, il a présidé le Club de la Presse Clermont-Auvergne entre 2009 et 2013. Il est l’initiateur de 7 Jours à Clermont.

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